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EDITO

MAISON BLANCHE, POINTS NOIRS

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

direction@letempsmag.ma

On savait depuis plusieurs années que Casablanca, la fière «maison blanche», avait des points noirs. Et pas qu’un peu… Comme toutes les mégapoles modernes, elle paie le tribut du développement par des concessions permanentes en matière de qualité de vie, de mobilité, d’efficacité des communications et de bien-être social. En un mot comme en plusieurs, la cité grossit et se modernise au prix de mille maux ! C’est la destinée des agglomérations urbaines à travers la planète, et c’est aussi le revers de son développement.

L’une des plaies à Casablanca est l’anarchie du stationnement. Un problème structurel. Il menace aujourd’hui son image de cité vivante et pèsera très lourd en 2030, lorsque le Royaume co-organisera le Mondial de football. Comment, en effet, recevoir des milliers, des millions de visiteurs étrangers sans mettre en œuvre, au préalable, un modèle efficient de mobilité ? Comment assurer une dynamique future sans résorber les dysfonctionnements actuels ? En somme, comment donner au monde, dans cinq ans, la meilleure image possible de notre grande cité sans gommer, dès à présent, ce qui entache son aura ? C’est la question que se posent chaque jour les Casablancais à travers ceux et celles qu’ils ont élus au Conseil de la Ville. Notre Focus dans ce numéro (pages 22, 23 et 24) en dresse un état des lieux pour le moins saisissant…

Qui dit mobilité, dit circulation. Qui dit circulation, dit espaces publics. Qui dit espaces publics, dit gestion de leur utilisation. Et c’est là où tout va de travers aujourd’hui ! Le 17 février dernier, Houcine Nasrollah, adjoint à la Présidence du Conseil de la Ville, en charge de la mobilité, a révélé ce que l’on pressentait depuis longtemps, mais qu’on n’imaginait pas dans une telle ampleur : 40 familles détiennent, à elles seules, quelque 160 autorisations de gestion de parkings publics. Certaines personnes possèdent même 3, voire 4 autorisations. Dans le lot des «heureux» bénéficiaires, on retrouve même des propriétaires de sociétés. C’est dire combien le business est juteux…

Le ras-le-bol des automobilistes systématiquement soumis au racket des gardiens a dépassé la limite du supportable et interroge vivement les autorités de la ville. Une réforme du système de stationnement serait en chantier. Quand verra-t-elle le jour ? Son objectif, selon la Mairie, est de mettre fin au désordre (le mot est gentil) qui règne actuellement dans ce secteur d’activité et améliorer la gestion des espaces publics. Le projet part de bonnes intentions, mais les citoyens jugeront sur pièce… Il s’articule autour de quelques axes-clés : un cahier des charges strict pour encadrer l’activité, l’extension des zones de stationnement payant, la réorganisation du business des gardiens de voitures, la généralisation des horodateurs… Le point le plus intéressant ? L’élaboration d’un cahier des charges, document qui n’existait pas auparavant. Eh oui ! Cela renseigne sur la gabegie qui prévalait et qui prévaut d’ailleurs toujours. 

Le Conseil de la Ville est désormais attendu au tournant par l’opinion publique. Pas simplement sur l’horizon 2030, car le Mondial sera derrière nous dès 2031, mais dans la perspective du très long terme. Pour que Dar Beida reste blanche à tous les plans.

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