La région, encore et toujours la région !
PAR HASSAN EL ARCH
On ne parle que de ça, depuis quelques semaines. Un nouveau modèle de développement économique et social pour le Maroc. Pas moins. L’énoncé peut paraître abstrait sur les contours, et l’à-propos plus ou moins vague. Mais un zoom sur le concept sous-jacent révèle la profondeur de tout un dessein : accélérer la transition du Royaume vers un palier plus élevé de prospérité, de modernité et de stabilité.
L’idée, exprimée par le Souverain dans l’un de ses récents discours, n’est pas de mettre une croix sur les précédents efforts – stériles (hélas) pour la plupart – mais d’en déployer de nouveaux en tirant les leçons des échecs antérieurs pour mieux capitaliser le nouveau projet. Le souci Royal est d’ailleurs bien celui-là : bâtir un schéma de développement non pas à partir de zéro, mais d’acquis réels qui ont toutefois besoin d’être transformés en réussites. Des batailles ont été engagées contre le sous-développement, mais la guerre n’est pas encore gagnée ! Des victoires remportées ici et là, mais elles ont un goût d’inachevé…
Dans l’immédiat, le pays besoin d’un plan quinquennal, peut-être décennal, couvrant le mandat du gouvernement qui sortira des urnes en 2021. C’est-à-dire demain. Et pour réussir, ce plan ne saurait être pensé et encore moins déployé en dehors de la centralité de la Région. Longtemps, l’erreur a été commise par nos décideurs qui se trompaient de logiciel ! Les décisions – toujours – émanent de l’Administration centrale et les Collectivités locales sont priées de les exécuter. Point à la ligne. Ce référentiel a montré ses limites. Chaque région, chaque ville, chaque localité du Royaume a ses particularismes, les revendique et les assume. Au-delà des aléas de la pluviométrie, de la réalité des reliefs, de la diversité sociale des populations et des disparités économiques, les 12 régions du Royaume sont autant de territoires où s’expriment les attentes, les espoirs et les frustrations de tout le pays. Continuer d’en ignorer la réalité est au mieux une faute de gouvernance, et au pire un échec devant l’Histoire.
L’Histoire ? Justement ! Nous ne pouvons pas prétendre intégrer et décliner, même à doses «homéopathiques», le fameux modèle chinois. Ce pays avait décidé, il y a déjà une quarantaine d’années, de contenir au maximum ses besoins, les individus participant collectivement (et avec conviction) à la réalisation d’un objectif national majeur : assurer une croissance économique à 2 chiffres. Ils ont réussi. Et la Chine est devenue la deuxième puissance de la planète. Il est des rêves qui font mal quand on s’y projette…
Le réalisme, à la veille de 2020, dicte ce que tout le monde ou presque n’ignore guère plus : l’Administration doit descendre de sa tour d’ivoire et aller sur le terrain, à la rencontre du citoyen pour l’écouter, le comprendre et interagir avec lui. Aucun plan de développement ne sera viable tant qu’on fait l’économie de cet effort ! Les experts qui peuplent les couloirs de nos ministères et nos institutions mériteraient mieux leur salaire s’ils s’y collaient sans tarder. Envoyons donc des missions composées de spécialistes marocains et étrangers, dans les 12 régions du Maroc. Qu’ils passent sur place un, deux, trois mois s’il faut, à diagnostiquer les problèmes locaux et à dresser des feuilles de route fiables et viables, loin de tout verbiage ou démagogie politicienne. Et puis que ces experts remplissent leur contrat jusqu’au bout en veillant à suivre de près l’exécution des recommandations formulées. Une gouvernance digne de ce nom suppose une reddition des comptes. C’est la moindre des choses vis-à-vis de ce Maroc que nous aimons et que nous voulons encore meilleur en 2020 !