Lors de «Conversation with…», le célébrissime acteur américain Laurence Fishburne a livré un témoignage profondément humain sur son parcours et les rencontres qui l’ont façonné. En réponse aux questions du curateur Giona A. Nazzaro, il raconte d’abord ce moment fondateur où, enfant, une actrice l’a pris à part pour lui dire : «Tu es l’un des nôtres maintenant, et cela signifie que tu dois prendre le monde au sérieux». Une leçon qui l’a bouleversé et qui lui a fait comprendre la responsabilité de l’artiste au sein d’une communauté, ainsi que la dignité que représente le fait de raconter des histoires.
Laurence Fishburne revient ensuite sur ses débuts fulgurants : repéré très jeune, il rejoint des soap-operas avant d’être envoyé à 11 ans tourner «Cornbread, Earl and Me» à Los Angeles. Sur le film «Apocalypse Now», il se lie à Frederick Forrest, à Dennis Hopper et à Emilio Estevez, des rencontres déterminantes pour l’adolescent qu’il était, encore étonné de voir son monde s’élargir à cette vitesse.
Évoquant «Boyz’n the Hood», l’immense star rend hommage à John Singleton, dont le langage était «purement visuel». C’est grâce à lui que Laurence Fishburne comprend, des années plus tard, l’impact de son rôle de «Furious Styles» : celui d’un père pour une génération de jeunes privés de repère. Il se souvient avec émotion d’un adolescent venu le remercier, submergé de sentiments qu’il n’arrivait pas à formuler.
L’acteur raconte aussi son approche d’«Othello», rôle historique qu’il aborde par la vulnérabilité du personnage, et son travail intensif avec Yuen Woo-Ping pour «Matrix», un entraînement d’«athlète professionnel».
Avec sincérité et humour, la méga-star révèle comment le cinéma l’a fait grandir, lui ouvrant le monde bien au-delà des «Six rues» de son enfance à Brooklyn. Une parole rare, lucide et profondément inspirante, portée par un artiste qui n’a jamais cessé d’apprendre.
LAIDIA FAHIM
