Déconfiner les esprits d’abord !

PAR HASSAN EL ARCH
Assurément, l’heure n’était pas aux réjouissances ni à la célébration, les 14 et 16 mai… Le cœur n’y était pas vraiment. L’attention était ailleurs. Les esprits totalement obnubilés par la guerre contre le coronavirus. A l’état-major des Forces Armées Royales, jeudi, puis au siège de Direction Générale de la Sûreté Nationale, samedi. Les deux institutions avaient une date particulière sur leur calendrier : le 64ème anniversaire de leur création. Les troupes comme les hauts gradés avaient plus important à faire sur le terrain : porter assistance aux citoyens en ces temps de pandémie. Protéger le pays. Sans aucun doute, l’une des missions les plus critiques dans les annales des FAR et de la DGSN. On comprend que le Souverain l’ait rappelé dans son message, le 14 mai : «à votre disposition permanente à répondre à l’appel de la Patrie et à consentir les sacrifices nécessaires pour sa dignité et sa souveraineté, s’ajoute cette année votre implication immédiate et forte, en exécution de nos hautes instructions Royales, dans la lutte contre l’épidémie qui frappe notre pays à l’instar des autres pays du monde». On comprend aussi l’émotion du patron de la DGSN, Abdellatif Hammouchi, lorsqu’il s’adresse à toute la famille de la Sûreté, fonctionnaires en activité ou retraités, leurs familles et leurs veuves et orphelins, pour insister sur «un contexte marqué par des défis sécuritaires qui requièrent de rester vigilant, à pied d’œuvre, pour assurer en tout temps la sécurité sanitaire des citoyens d’une part, et le maintien de l’ordre et de la sécurité des biens et des personnes, d’autre part».
Sur-sollicitées, en permanence sous pression, aux extrêmes limites du stress, les forces de l’ordre sont sur le gril comme rarement auparavant. Elles méritent notre respect et notre admiration. Ces femmes et ces hommes qui portent l’uniforme du devoir national ont une famille, des enfants, des parents, des proches, des amis. Comme tous les Marocains. Depuis le mois de mars, ils ont eux aussi des victimes du «Covid-19» à déplorer ! C’est également cette réalité qu’il convient de rappeler aujourd’hui à ceux que la désinvolture, l’inconscience et l’irresponsabilité sociale amènent à violer chaque jour les règles de sécurité sanitaire.
Le Maroc a prolongé le confinement pour 3 semaines supplémentaires. On repart donc pour un troisième tour, jusqu’au 10 juin. Beaucoup de concitoyens en ont conçu un dépit sans limites. Mais qui en doutait, franchement ? Qui imaginait qu’on allait réellement déconfiner, mercredi dernier ? Il fallait être naïf pour le croire au vu des boulevards, rues, places, grandes surfaces et marchés, tous noirs de monde en plein état d’urgence ! Cette décision fait du Maroc le second pays au monde, après la Chine, en termes de longueur de confinement. Entre le 20 mars et 10 juin, cela fera en effet 80 jours. Pour autant, les conditions sanitaires ne s’améliorent pas et le relâchement est devenu la règle chez une partie de la population. Tout se passe, pour ces Marocains-là, comme si les nouveaux foyers de contamination se déclaraient sur une autre planète ! Comme si l’épreuve de survie communautaire concernait des Aliens… Voilà pourquoi il s’agit de déconfiner les esprits d’abord !
On le rappelait, il y a quelques jours : les joies sociales et familiales intrinsèques au Ramadan puis à l’Aïd Al Fitr sont déjà «soldées». A nous de faire en sorte qu’elles ne le soient pas aussi pour l’été qui approche… Le Maroc vaut tous les efforts. Soyons dignes de notre pays. Respectons toutes celles et ceux qui le servent au péril de leur propre vie car nous leur devons tant !