Soif de conscience !

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Lorsque l’ingéniosité humaine cale, le salut est encore dans la nature. Celle-ci a, en elle-même, les ressources pour renouveler et pérenniser ce que l’être humain peine à assurer pour sa survie. C’est une réalité depuis la nuit des temps. L’eau en est l’exemple le plus tangible. Elle couvre 73% de la surface de la planète, et cela aussi est une réalité qui remonte à la formation de la Terre, il y a des milliards d’années. Le paradoxe est donc très fort et nous revient chaque instant en pleine figure : on souffre de stress hydrique aujourd’hui comme jamais auparavant, au moment même où l’eau couvre près des trois quarts de la surface terrestre !
Le constat interpelle, d’une manière ou d’une autre et à des niveaux différents, la communauté scientifique autant que la communauté humaine dans son ensemble. Se tourner vers les océans pour résoudre les problèmes posés par la rareté de l’eau, préserver la consommation d’eau potable, assurer l’irrigation, sécuriser l’agriculture, relever les défis de l’industrie… En 2025, la solution-miracle n’a pas encore été mise en place car, pour l’instant, la chose tient davantage de la science-fiction que de la science tout court. Dans quelques décennies, l’ingéniosité des experts permettra à l’humanité d’accéder à ce palier de développement salutaire.
En attendant, l’addition est claire : l’inconscience des uns et l’irresponsabilité des autres sont égales à une somme nulle ! Tout se passe comme si l’eau utilisable pour la vie – et souvent la survie – était une ressource éternelle. L’être humain est ainsi fait : la conscience des dégâts causés à la Nature depuis des siècles ne lui suggère pas de faire du temps à venir un meilleur usage de ses ressources !
Ce long préambule renvoie au dossier central de cette édition (pages 14 à 21) que nous consacrons à l’eau et aux défis auxquels le Maroc est confronté en matière de stress hydrique. On ne réinvente pas la poudre. Le pragmatisme commande, en revanche, une dose raisonnable de lucidité et des trésors de détermination. Avec ses deux façades maritimes, atlantique et méditerranéenne, le Royaume dispose d’un capital extraordinaire : 3.500 kilomètres de côtes. De quoi étancher la soif des territoires semi-arides, du Rif au Sahara, frappés par sept années consécutives de sécheresse.
La technologie de dessalement de l’eau n’est pas nouvelle, mais elle est extrêmement coûteuse. De nombreux pays avancés y sont confrontés. Le Royaume aussi. Mais le choix est clair : y investir ici et maintenant ou condamner à la soif la prochaine génération de Marocains. Le pays a attaqué ce challenge. On en doit la dynamique au génie de notre Souverain. Nos enfants seront mieux outillés pour gérer le stress de l’eau !