La Fondation Attijariwafa Bank plébiscite le courage des femmes face à la crise sanitaire

Dans le cadre de son cycle de conférences digitales «Échanger pour mieux comprendre», la Fondation Attijariwafa Bank a organisé, le 18 mars courant, une rencontre en live streaming sur sa chaîne Youtube avec une invitée de marque, Nouzha Skalli, Présidente du think tank «Awal Houriates» et ancienne Ministre en charge des Droits des femmes. Le thème était «La femme marocaine à l’épreuve de la crise sanitaire». Modérée par Meya Zeghari, Responsable de la Fondation Attijariwafa Bank, la discussion a été ponctuée par de nombreux témoignages émouvants de femmes de tous bords, racontant leur vécu de la crise sanitaire. Un hommage a été rendu aux femmes médecins qui étaient sur le front de la lutte contre le «Covid-19». Les récits poignants de leur combat au sein des unités «Covid» hospitalières a été un des moments forts de la conférence.
En ouverture, Nouzha Skalli a rappelé, chiffres à l’appui, le retard du Maroc en matière de parité et la persistance des discriminations à l’égard des femmes, dans les domaines privé et professionnel. Une situation que le déclenchement brutal du «Covid-19» a exacerbée alors même que les femmes étaient en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire. «Les femmes médecins qui constituent plus de la moitié du personnel médical dans notre pays, ont vu leur vie basculer du jour au lendemain, mais elles n’ont pas hésité à servir leur patrie en se mobilisant nuit et jour, loin de leurs familles, s’exposant ainsi au risque de contamination par le virus. Nous devrions être tous reconnaissants pour l’abnégation et le don de soi dont elles ont fait preuve», a souligné Nouzha Skalli.
L’échange a porté aussi sur les raisons du recul du taux d’activité des femmes depuis 2000, qui est passé de 30% à moins de 20% actuellement. «Cela représente un manque à gagner énorme pour notre pays ! Il faut savoir que l’élimination des discriminations à l’égard des femmes pourrait se traduire par une hausse de 39,5% du PIB/habitant selon les estimations de l’OCDE (NDLR : Organisation de Coopération et de Développement Economique, basée à Paris). C’est donc une niche de richesses précieuses qui nous permettrait d’accélérer le rythme de croissance et de progrès». À noter que la faiblesse de la contribution économique des femmes dans tous les pays de la région Moyen Orient et Afrique du Nord représenterait un manque à gagner de 575 milliards de dollars !
À la lumière de ce constat, il n’est donc pas étonnant que le leadership féminin demeure à la traîne. Selon le Haut Commissariat au Plan, moins de 13% des entreprises au Maroc sont dirigées par des femmes. «Certains grands groupes essaient d’instaurer la parité. Ainsi, le groupe Attijariwafa Bank a adopté, lors de la Journée des Droits de la Femme, une Charte de la Mixité et a lancé une vaste initiative de promotion de la parité. Mais de telles initiatives demeurent encore rares», souligne Meya Zeghari.
Pour Nouzha Skalli, cette initiative est un signe de bonne gouvernance. «Plus globalement, pour casser le plafond de verre ou plutôt le plafond de fer, plusieurs Associations accompagnent les femmes entrepreneures. Et sur ce registre, le recours massif aux NTI peut constituer une aubaine pour accélérer la progression de l’entrepreneuriat féminin».
Sur le plan privé, la promotion de l’égalité entre les genres est, elle aussi, légitime car les femmes consacrent, selon une enquête du Haut Commissariat au Plan, jusqu’à 7 fois plus de temps à autrui et notamment aux membres de leur famille.
La situation actuelle est critique car les dégâts de la crise sanitaire sur les femmes sont de plusieurs ordres : précarité de l’emploi, exacerbation des violences familiales, aggravation de la pression psychologique et recul de la sociabilisation. «Nous avons une dette morale envers le personnel de la Santé et leurs revendications matérielles sont légitimes», estime la Présidente de «Awal Houriates».
L’espoir est grand de voir le nouveau modèle de développement du Royaume insister sur la nécessité de lutter contre toutes ces injustices et d’appliquer les politiques publiques sur le terrain tout en respectant l’égalité des genres. «Durant le confinement, les aides destinées aux populations précaires ont été versées exclusivement aux chefs de famille, sachant que près de 7% des foyers sont dirigés par des femmes. Et même dans les foyers constitués de couples, c’est l’homme qui a encaissé l’aide, alors que la femme génère un revenu pour toute la famille !». Pour éviter ces injustices, il est urgent d’appliquer la loi en tenant compte de l’égalité des genres dans la mise en œuvre des politiques publiques. «D’ores et déjà, je salue la généralisation de la protection sociale, mais elle n’aura l’impact voulu que si elle est appliquée selon la parité des genres».
À travers ce nouveau débat qui a suscité de nombreuses questions de la part des internautes, auxquelles l’invitée de marque a répondu avec beaucoup d’intérêt, la Fondation Attijariwafa Bank a démontré, une fois de plus, sa volonté de favoriser le débat et la réflexion sur des questions qui engagent l’avenir du Royaume en faisant appel à des personnalités connues et reconnues pour leur compétence et leur engagement sur le terrain.