Une campagne nationale pour des écoles sans stéréotypes sexistes

En partenariat avec un large réseau d’acteurs de la société civile et du monde éducatif, l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) a lancé mardi dernier une vaste campagne de sensibilisation à l’échelle nationale. L’objectif : combattre les stéréotypes sexistes ancrés dans le système éducatif et faire de l’école un véritable levier d’égalité entre filles et garçons.
Baptisée «Pour une école de l’égalité», cette campagne s’inscrit dans le prolongement d’un engagement de longue date de l’ADFM en faveur de l’égalité des genres. Portée par une dynamique collective regroupant syndicats, associations, parents d’élèves et enseignants, elle entend répondre à un constat préoccupant : malgré les avancées en matière de scolarisation, les stéréotypes sexistes continuent d’influencer profondément les comportements, les choix d’orientation, et l’environnement scolaire au Maroc.
Au cœur de la campagne, plusieurs actions phares sont programmées pour l’année 2025. Parmi elles, une étude analytique inédite menée par l’ADFM, publiée en février dernier, met en lumière la persistance des préjugés sexistes dans la vie scolaire. L’étude, à la fois qualitative et quantitative, propose une série de recommandations pour repenser en profondeur les pratiques pédagogiques et l’organisation de l’espace éducatif.
En mai prochain, des ateliers de sensibilisation seront organisés dans des lycées des régions de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat. Élèves, enseignants et personnels administratifs y seront formés à la lutte contre les discriminations de genre.
Un recueil des stéréotypes sexistes présents dans les lycées, en cours de finalisation, sera lancé en juin prochain. Il constituera un outil précieux pour initier des dialogues au sein des établissements scolaires et orienter les politiques publiques vers des réformes concrètes.
Selon Aatifa Timjerdine (photo), Présidente de l’ADFM, l’école marocaine, bien que réformée sur le papier, ne parvient toujours pas à transformer ses espaces en lieux d’émancipation : «Malgré des politiques en faveur de l’égalité, les stéréotypes persistent dans les programmes, les pratiques pédagogiques et les interactions quotidiennes. Il est urgent de comprendre pourquoi les efforts passés n’ont pas porté leurs fruits, et d’agir».
Pour sa part, Widad Bouab, membre du Bureau de l’ADFM, souligne que «Les activités scolaires demeurent largement marquées par le genre. L’étude démontre que les inégalités sont enracinées dans des causes systémiques, qu’il faut aborder de manière globale et intégrée».
La dynamique «Pour une école de l’égalité» appelle à une réforme structurelle du système éducatif. Cela passe par l’application rigoureuse des lois existantes, l’instauration d’outils de suivi des inégalités de genre, la formation continue des personnels éducatifs, et la sensibilisation des familles.
La campagne met aussi l’accent sur la nécessité de lutter contre des problématiques spécifiques comme la précarité menstruelle, le harcèlement en ligne, ou encore les choix d’orientation sexistes. Des propositions innovantes telles que la création de référents égalité, de boîtes à suggestions anonymes ou encore l’expérimentation de cours de récréation non marquées par le genre sont également sur la table.
Cette campagne ne s’adresse pas uniquement au monde scolaire. Elle ambitionne de mobiliser l’ensemble de la société marocaine. Car, comme le souligne le communiqué de l’ADFM, «l’égalité des genres ne peut être une promesse vide. Elle doit devenir une réalité vécue». (Photo : Le360).
L. F.