Un rapport conjoint de l’OCP et d’Oxford Business Group met les pendules à l’heure

Un nouveau rapport sur l’agriculture africaine et les solutions pour son adaptation aux grands enjeux de demain vient d’être publié. Réalisé par le cabinet d’intelligence économique et de conseil Oxford Business Group (OBG), le rapport «Agriculture in Africa 2022» est produit en collaboration avec le groupe OCP.
Selon la Banque Mondiale, la population mondiale devrait doubler d’ici à 2050 et la demande alimentaire devrait croître de 55% d’ici à 2030. L’enjeu de la sécurité alimentaire est donc de taille en Afrique où 85% de la nourriture sont encore importés à l’heure actuelle, d’après des données publiées par la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). Le continent africain est connu pour son secteur agricole qui enregistre une expansion des plus rapides au monde, affichant une croissance annuelle moyenne de 4,3% depuis l’an 2000. Toutefois, la mise en valeur des nombreuses terres arables non cultivées sur le continent ne suffira pas à répondre à la demande croissante en nourriture, soulève le rapport produit par le cabinet OGB et l’OCP. Le document explore les diverses pistes et solutions concrètes qui s’offrent pour répondre aux besoins alimentaires de la population, tout en inscrivant le secteur dans un développement durable et adapté aux changements climatiques. Selon le rapport, l’augmentation de la production ne saura se faire sans une augmentation de la productivité d’où la nécessité du recours à des pratiques d’économie circulaire, telles que la conversion des déchets organiques en intrants productifs, le recyclage de l’eau, ou encore les pratiques agricoles adaptées au changement climatique, préconise le rapport. L’étude indique également que si l’Afrique a le potentiel de nourrir la population mondiale dans les années à venir, les terres doivent être exploitées de manière durable en abordant également des problèmes tels que la déforestation et l’utilisation inefficace des engrais. Cela passerait, selon le rapport, par l’adoption d’un modèle économique vert qui se caractérise par une faible émission de carbone, une utilisation efficace des ressources et l’inclusion sociale.
Pour l’élaboration de ce rapport, le cabinet OBG et l’OCP ont réalisé des entretiens avec quatre experts renommés, notamment Hanane Mourchid, Executive Director for Sustainability and Green Industrial Development du groupe OCP, qui a livré des pistes de réflexion sur comment l’économie circulaire et les politiques de durabilité aideront à répondre aux défis auxquels fait face l’agriculture en Afrique. La haute responsable explique l’importance pour les entreprises de mettre en place des politiques de durabilité et comment le secteur privé et les universités peuvent coopérer afin de mettre en place des pratiques agricoles intelligentes. Par ailleurs, Tony Siantonas, Director Scaling Positive Agriculture, World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), présente des solutions pour renforcer la durabilité et la sécurité alimentaire, insistant notamment sur l’importance de la préservation de la santé des sols et la nécessité d’investissements sur le long terme et d’innovations. Pour sa part, Kaushik Majumdar, Directeur Général d’African Plant Nutrition Institute (APNI), prône une nutrition végétale intelligente et calibrée pour contrer les effets néfastes du changement climatique et revient sur le rôle clé des partenariats public-privé dans la recherche et développement et le transfert des connaissances dans le secteur agricole en Afrique. Enfin, Hicham El Habti, Président de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), explique comment la technologie et l’innovation peuvent venir en aide aux agriculteurs de manière concrète et efficace.
Karine Loehman, Directrice Générale d’OBG pour l’Afrique, a salué la parution de ce rapport complet. «Un éventail de solutions existent pour permettre à l’agriculture africaine sa nécessaire adaptation face aux défis alimentaire, économique et climatique. Il est urgent d’investir dans le capital humain pour que les populations puissent pleinement récolter les fruits des avancées technologiques et des instruments de financement innovants et dynamiques qui existent aujourd’hui», déclare-t-elle.
C. A.