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EDITO

OK, parlons d’autre chose…

PAR HASSAN EL ARCH

«Vous tournez en rond avec cette pandémie et ne pouvez plus parler d’autre chose que de la «Covid-19». C’est lassant, à la fin !». Je rapporte en substance ces propos que m’a tenus au téléphone, cette semaine, un Monsieur furieux au possible. Il me reproche – et à la presse de manière générale – de faire ce qu’il appelle «une fixation» sur la conjoncture épidémiologique. En gros, il estime que les médias consacrent trop de contenus au coronavirus alors qu’ils devraient offrir «une diversion positive» à leurs lecteurs et à l’ensemble de l’opinion publique.

On débattra tant qu’on voudra sur le bien-fondé de ce reproche. C’est une idée exprimée par un citoyen et, en tant que telle, elle mérite le respect. Elle a, en tout cas l’avantage d’être claire et honnête. Alors, oui, essayons de parler d’autre chose…

Un rayon de soleil, inhabituellement chaud pour ce moment de la saison, caressait mon dos ce matin, alors que je marchais vers mon bureau, l’esprit léger, en savourant le délicieux croissant pur beurre que je venais d’acheter à la boulangerie du coin. Quelques pigeons téméraires squattaient le bitume avant que l’odeur de l’essence et le carrousel des voitures ne les en chassent. Sur un balcon, une vieille dame arrosait ses fleurs avec beaucoup d’amour. Elle aura de superbes bégonias dans quelques semaines. À une dizaine de mètres devant moi, un adepte du footing promenait son chien à bonne cadence. Le pauvre Yorkshire Terrier haletait. À moins que ce fût un West Highland… Je devrais réviser mes notions en culture canine. Dans l’air vivifiant du matin, l’atmosphère hivernale pétillait presque, picotait les narines et insufflait dans le corps une onde d’énergie douce. De-ci, de-là, une odeur de café s’échappait des terrasses des crémeries, mêlée aux fragrances de plantes diffusées par les premières boutiques qui ouvraient leurs portes. Un lève-tôt mettait le volume de sa chaîne HiFi un décibel plus haut que de raison en cette langueur matinale. Mais Toni Braxton et sa voix suave saluaient le quartier qui s’éveillait. Quelle voix ! On n’en fait plus, des comme ça ! Dans le ciel, une nuée de moineaux zigzaguait dans un envol aléatoire avant d’atterrir sur le toit d’une pergola, au loin, au-dessus d’un immeuble déjà inondé par les rayons du soleil. La ville se réveillait. Ses avenues s’étiraient pour chasser les vapeurs de Morphée. Ses feux rouges se remettaient à lancer des clins d’œil aux premiers automobilistes sur la chaussée. Et au fond de ma poche, un vide soudain lancinant : celui des clés de mon bureau oubliées à la maison…

Voilà. J’ai réussi à ne pas parler de la «Covid-19».

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