Yousra, 50 ans de carrière célébrés à Marrakech entre émotion, héritage et sincérité d’artiste

Dans le cadre de la 22^ème édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM), qui se déroule depuis le 28 novembre dernier jusqu’au 6 décembre prochain, la grande actrice égyptienne Yousra a offert hier au public un moment d’une rare intensité. Invitée de la traditionnelle «Conversation With…» la star du cinéma arabe a livré un témoignage très humain, revenant avec lucidité et émotion sur cinq décennies de carrière.

«Je suis profondément émue et honorée d’être parmi vous aujourd’hui, dans un festival qui porte une affection si particulière au cinéma égyptien», a-t-elle déclaré d’emblée devant une salle archicomble. Accueillie avec chaleur par le public marocain, Yousra a rappelé le lien affectif qui l’unit depuis longtemps au Maroc, un pays qui l’a fréquemment célébrée et où elle dit se sentir «comme à la maison».

L’actrice a salué l’hommage rendu cette année à Hussein Fahmi, figure majeure du cinéma égyptien, ainsi que la présentation prochaine du film «El Set», consacré à Oum Kalthoum, «une femme visionnaire qui a marqué des générations». L’occasion pour Yousra de souligner la place essentielle de ces grandes voix dans la mémoire collective arabe.

Revenant sur un parcours de cinquante ans, elle dit ressentir «de la fierté» mais aussi une immense gratitude ! Gratitude envers son public, envers les acteurs et réalisateurs qui ont façonné son chemin tels Ahmed Zaki, Adel Imam, Mahmoud Abdelaziz, Atef El-Tayeb, Sherif Arafa, Marwan Hamed, Inas El Degheidy ou encore Ali Badrakhan. «Quand un réalisateur croit en vous, il vous emmène là où vous n’auriez jamais imaginé aller», confie-t-elle.

Cette longévité exceptionnelle, récompensée par de nombreux prix à travers le monde, n’a jamais été pour elle une fin en soi. «Chaque reconnaissance n’a de sens que lorsqu’elle vient couronner un parcours sincère, construit avec passion et exigence», affirme-t-elle.

Un «caméléon» du cinéma arabe

Lors de la table ronde organisée entre l’actrice et quelques médias, le magazine LE TEMPS l’a interrogée sur sa capacité à incarner des personnages aussi variés et complexes. Yousra définit avec précision ce qu’elle considère comme la clé de son métier : L’artiste doit changer de peau, exactement comme un caméléon. Il est impossible de rester dans un seul registre. Chaque rôle que j’interprète porte une cause différente». Pour elle, même deux personnages exerçant le même métier ne se ressemblent jamais : «Je peux jouer une journaliste, mais chacune aura un caractère différent, une histoire différente, un visage différent. Ce qui compte, c’est la personnalité du personnage au service de l’histoire».

LAIDIA FAHIM