DANS LA FOULÉE DU 8 MARS / Les femmes ont subi 2020 plus durement que les hommes

À l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, célébrée le 8 mars cette année sous le thème «Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde du Covid-19», le Haut Commissariat au Plan a contribué à l’hommage universel rendu aux femmes à travers un important éclairage. Une analyse très pertinente qui met en lumière la situation de la femme au Maroc sur divers plans : santé, éducation et formation, accès au marché de travail, utilisation du temps, violence faite aux femmes, le niveau de vie. Détails.
Le Haut Commissariat au Plan (HCP) le rappelle d’emblée dans sa toute dernière analyse à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, célébrée le 8 mars. En 2020, les femmes représentent plus de la moitié (50,3%) de la population totale au Maroc. Selon le statut matrimonial, parmi les femmes de 15 ans ou plus, environ 28,1% sont célibataires tandis que 57,8% sont mariées et que 10,8% sont veuves alors que 3,3 %sont divorcées. Sur les 8.438.000 ménages du pays en 2020, environ 16,7% sont dirigés par des femmes. Cette part est plus élevée en milieu urbain (19,1%) qu’en milieu rural (11,4%). En 2020, pendant le confinement, parmi les 6% des ménages comptant des femmes concernées par la santé reproductive, 34% n’ont pas accédé aux services de santé (27% en milieu urbain et 39% en milieu rural).
Quelle égalité dans l’accès à l’éducation ?
Si l’accès à l’école est presque assuré pour l’enseignement primaire, les niveaux préscolaire, collégial et qualifiant accusent cependant des déficits. En effet, le taux net de scolarisation en 2020 est de 71,9% au préscolaire, 66,8% au secondaire collégial et 37,5% au niveau qualifiant. En 2020, la proportion des femmes adultes (âgées de 25 ans et plus) sans niveau d’instruction est estimé à 52,9%. Cette proportion est de 18,5% pour le primaire, 21% pour le collégial et le secondaire et 7,6% pour le supérieur.
L’analyse du HCP révèle qu’en 2019, la proportion des entreprises dirigées par des femmes a atteint 12,8%. La femme dirigeante est plus présente dans le secteur des services (17,3%), suivi du commerce (13,8%), de l’industrie (12,6%) et de la construction (2,6%). Même si les femmes dirigeantes apparaissent moins dans les grandes entreprises (8%), elles sont plus présentes dans les très petites entreprises (13,4%) et au sein des petites et moyennes entreprises (10,2%). Par ailleurs, 18% des entreprises individuelles et 11% des SA et des SARL sont gérées par des femmes. Dans la fonction publique, les femmes aux postes de responsabilité représentent 23,5%, alors que le nombre de sièges occupés par les femmes au niveau de la Chambre des Représentants est de 20,5% et la part de leurs sièges dans les Conseils territoriaux est de 20,9%.
En 2020, la participation des femmes au marché de travail reste faible avec un taux d’activité de 19,9% contre 70,4% pour les hommes. Plus de 8 femmes sur 10 sont en dehors de ce marché ! Le taux d’emploi des femmes est presque le quart de celui des hommes (16,7% contre 62,9%). Le secteur de l’agriculture, forêt et pêche demeure le premier employeur des femmes (44,8%), suivi de celui des services (40,4%) et de l’industrie y compris l’artisanat (14,2%). Près de la moitié (47,3%) des femmes occupées travaillent en tant que salariées (51,7% pour les hommes), 17,7% des auto-employées (contre 39,8%), et 35% occupent des emplois non rémunérés (contre 8,6% pour les hommes).
La femme entre le foyer et le travail
Près de 28% des femmes actives occupées bénéficient d’une couverture médicale contre 23,9% parmi les hommes. Pour les salariés, cette part est de 57,3% contre 43,3% pour les hommes. La part des femmes salariées ne disposant d’aucun contrat s’élève à 43,2% contre 58,2% parmi les hommes. Selon la profession, 8,6% des femmes actives occupées travaillent en tant que responsables hiérarchiques, cadres supérieurs et membres des professions libérales (contre 3,8% pour les hommes), ce qui correspond à un taux de féminisation de 38%. Les cadres moyens représentent 6,3% des femmes actives occupées (contre 2,4% pour les hommes), avec un taux de féminisation de 41,6%.
Le taux de chômage des femmes a connu une tendance à la baisse durant les trois dernières années, passant de 14,7% à 13,5% entre 2017 et 2019 puis a augmenté de 2,7 points en 2020 sous l’effet combiné de la pandémie et de la sécheresse. En 2020, le taux du chômage féminin a ainsi enregistré une hausse, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, respectivement de 2,7% à 3,9% et de 21,8% à 24,7%. En 2020, en comparaison avec la période d’avant confinement, le revenu mensuel moyen des femmes actives occupées a baissé de 42% contre 52% pour les hommes.
Les femmes consacrent 20,8% de leur temps journalier aux travaux domestiques et seulement 5,6% aux activités professionnelles. Les hommes consacrent, à l’inverse des femmes, plus de temps aux activités professionnelles (22,6%) qu’à celles domestiques (3%). L’activité professionnelle de la femme ne la libère pas, cependant, de ses responsabilités familiales ! Elle continue à supporter les charges des travaux domestiques en leur consacrant quotidiennement en moyenne 4 heures et 18 minutes, soit à peine 1 heure et 42 minutes de moins que la femme au foyer. C’est ainsi qu’en cumulant à la fois le temps alloué aux activités professionnelles et domestiques, la charge de travail quotidienne de la femme active occupée atteint en moyenne 6 heures et 21 minutes (5 heures et 47 minutes en milieu urbain et 7 heures et 13 minutes en milieu rural). En 2020, la charge de travail domestique supportée par les femmes a augmenté en moyenne journalière de 33 minutes pendant la période de confinement en comparaison à une journée normale avant le confinement.
Elles ont subi aussi le fléau de la violence !
Les chiffres de 2020 ne sont pas encore consolidés sur ce point précis, mais en 2019, plus de 7,6 millions de femmes ont subi au moins un acte de violence, tous contextes et toutes formes confondues. Cependant, ni la scolarisation ni l’activité économique ne préservent les femmes contre la violence ! Le contexte conjugal demeure l’espace de vie le plus marqué par la violence physique et la violence psychologique reste la forme la plus répandue. Avec une prévalence de 46,1%, le contexte conjugal est le premier espace de violence envers les femmes. Le milieu éducatif vient au deuxième rang avec 22,4% des élèves ou étudiantes ayant subi un acte de violence au cours des 12 derniers mois. Dans le milieu professionnel, elles sont 15,1% des femmes à avoir été victimes de violence dans l’exercice de leurs activités. Et dans l’espace public, 12,6% de femmes ont subi un acte de violence. Parmi l’ensemble des femmes victimes de la violence physique et/ou sexuelle, tous contextes confondus, 22,8% ont dû supporter, elles ou leurs familles, des coûts directs ou indirects de la violence. Le coût global de cette violence est estimé à 2,85 milliards de DH ! En rapportant ce coût au nombre total des victimes, le coût moyen est de l’ordre de 957 DH par victime.
(Source : HCP).