Quand les créateurs de contenus usurpent le statut de journaliste pour leur fond de commerce

L’Association Nationale des Médias et des Éditeurs (ANME) vient de publier un communiqué dans lequel elle alerte l’opinion publique et les autorités sur les dérives dangereuses auxquelles on assiste depuis un certain temps en matière de pseudo-journalisme. L’Association exprime, en effet, sa vive inquiétude face aux transformations du paysage médiatique au Maroc, marquées par une montée des contenus non encadrés sur les réseaux sociaux et les plateformes numériques. Dans son communiqué, elle met en garde contre les dérives des créateurs de contenu qui, sans cadre légal ni respect des règles déontologiques, usurpent le rôle des journalistes et brouillent les repères entre information et divertissement.
Menace réelle pour l’intégrité du journalisme
L’ANME souligne que les réseaux sociaux et plateformes comme YouTube et TikTok sont devenus des canaux de diffusion massive d’informations non vérifiées, où certains créateurs de contenu se font passer pour des journalistes sans formation ni accréditation officielle. Cette confusion volontaire nuit à l’éthique journalistique, transforme le sensationnalisme en norme et expose les citoyens à des manipulations médiatiques. L’Association dénonce également les campagnes de dénigrement ciblant les professionnels du secteur, alimentées par ces contenus non régulés, et appelle à une réaction urgente.
Pour faire face à ces dérives…
– Renforcer la régulation des contenus numériques, afin de différencier clairement les créateurs de contenu et les journalistes accrédités.
– Lutter contre l’usurpation du statut de journaliste et encadrer la diffusion d’informations sur les réseaux sociaux.
– Protéger les journalistes professionnels contre les campagnes de diffamation orchestrées sur les plateformes en ligne.
L’ANME insiste sur la nécessité pour les institutions de régulation de mettre en place un cadre strict, afin de garantir que le journalisme demeure un pilier fiable de la démocratie et ne soit pas détourné par des pratiques opportunistes. L’Association rappelle aussi que la presse repose sur des normes professionnelles, des responsabilités légales et une mission de service public, à l’opposé de la logique des contenus viraux, souvent motivés par la quête de visibilité et de profit. Elle appelle ainsi les journalistes, les institutions et la société civile à défendre ensemble un journalisme intègre et crédible, face à l’anarchie médiatique induite par la prolifération des contenus non encadrés sur les réseaux sociaux.
L’ANME se fait la voix de centaines de journalistes professionnels, exerçant sous le cadre légal et réglementaire des institutions de l’État. Face à une réalité inquiétante et anormale, ces journalistes alertent sur un bouleversement des équilibres médiatiques, marqué par la banalisation de l’exception, l’usurpation d’identité devenue pratique courante et la légitimation du chaos, de la vulgarité et du sensationnalisme au détriment des principes journalistiques reconnus à l’échelle internationale.
Les promoteurs de cette dérive ne se limitent plus à entretenir une confusion volontaire entre le journalisme, régi par des normes professionnelles, éthiques et juridiques, et la simple production de contenus destinés aux plateformes numériques. Ils orchestrent désormais une véritable guerre d’usure, usant de méthodes sournoises pour soumettre le secteur médiatique à leur contrôle et servir des agendas opaques aux effets destructeurs avérés.
L’ANME a récemment constaté l’exaspération croissante des instigateurs de ce projet de «contrebande médiatique», dépassés par leurs propres contradictions et sombrant dans une rhétorique populiste, agressive et hystérique dès lors que la nécessité du respect des lois et des règles de la profession leur est rappelée !
Face à ces dérives aux conséquences graves pour la société et l’État, l’ANME réaffirme avec fermeté plusieurs principes fondamentaux :
– Nécessité d’un encadrement juridique rigoureux : un cadre législatif renforcé et des mécanismes de régulation adaptés sont essentiels pour enrayer ces pratiques parasites, qui prospèrent dans un vide juridique propice à l’anarchie, à la manipulation de masse et à l’exploitation cynique des abonnés dans un but purement lucratif, échappant à toute fiscalité et responsabilité.
– Distinction entre institutions médiatiques et acteurs sans engagement : L’ANME réaffirme la différence fondamentale entre les institutions médiatiques (soumises à un devoir de responsabilité, d’investissement, d’emploi, de formation et de respect des règles professionnelles) et certains individus sans engagement, qui ont fait du chantage, de l’insulte, de la calomnie, de l’escroquerie et de la diffusion d’informations privées une entreprise commerciale extrêmement lucrative.
– Préservation du prestige du journalisme : l’ANME s’engage à suivre toutes les procédures et moyens nécessaires pour protéger l’intégrité du journalisme et des journalistes professionnels. Elle entend défendre leur rôle dans la recherche d’informations fiables et la lutte contre la désinformation nuisible à la société, à sa stabilité et à sa sécurité médiatique, alors que d’autres cherchent à tout saper par la vulgarité, le vol et l’usurpation d’identité.
– Soutien aux efforts de régulation du secteur : l’ANME salue les mesures prises par le comité temporaire chargé de la gestion du secteur de la presse et de l’édition, ainsi que le travail accompli par les comités permanents, en particulier ceux en charge de la carte de presse professionnelle, de l’éthique professionnelle et des affaires disciplinaires.
– Poursuite des réformes avec courage et détermination : l’ANME considère que la poursuite du travail dans cette direction, avec audace et fermeté, est essentielle pour endiguer les phénomènes étrangers à la profession et mettre fin à la confusion et à l’ambiguïté qui nuisent au secteur.
– Égalité de responsabilité au sein du corps journalistique : l’ANME affirme que personne, au sein de la profession, n’est au-dessus ou en dessous des responsabilités qu’implique ce métier. Elle rappelle que l’usurpation du titre de journaliste par certains est un acte inadmissible, d’autant plus que la loi encadre cette profession en fixant des critères juridiques, sociaux et académiques pour y accéder.
– Appel à la vigilance et à la coopération : l’ANME exhorte l’ensemble des institutions, des organismes de la société civile et des forces vives à unir leurs efforts pour protéger le droit des citoyens à l’information, au divertissement, à la connaissance et à l’indépendance intellectuelle. Elle souligne la nécessité de renforcer la vigilance face à la vague destructrice qui déferle sur les réseaux sociaux, nécessitant un encadrement et une régulation accrus.
L’ANME attire, enfin, l’attention sur l’émergence de groupes utilisant des plateformes, notamment YouTube, pour dénigrer les institutions du Royaume, s’attaquer aux symboles de l’État et ternir l’image du pays. Elle appelle les autorités gouvernementales à prendre pleinement la mesure de cette menace et à agir sans délai pour préserver la stabilité et la crédibilité du paysage médiatique national.