Le Maroc est devenu un grenier pour l’Espagne, mais qu’en est-il pour lui ?

Le Maroc est devenu au fil des années l’un des premiers fournisseurs en fruits et légumes de l’Espagne. A telle enseigne, que ce dernier couvre désormais la moitié des besoins de son voisin ibérique à travers ses exportations. C’est ce que vient de révéler l’observatoire sectoriel espagnol DBK de Informa. Selon lui, le Maroc couvre 46% des besoins de l’Espagne en légumes et 20% de ses importations de fruits. En 2022, le volume des achats de l’Espagne a augmenté de 13% pour atteindre 3 milliards et demi d’euros. Le volume des exportations marocaines de patates douces vers l’Europe et le Moyen-Orient a progressé de 67% en moyenne ces dernières années. Le volume a bondi de 90 tonnes en 2017 à 1.200 tonnes en 2022 ! Le volume des carottes exportées a été, quant à lui, multiplié par 1,2 en 2022 et progresse annuellement de 46% depuis 2017, avoisinant en 2022 un record de 43.000 tonnes. En ce début de 2023, le Maroc a exporté un record de 2.700 tonnes de carottes, soit une hausse de 80 % par rapport à janvier 2022. Ce volume est principalement destiné à l’Afrique subsaharienne.
Pour paradoxal qu’elles soient, ces exportations se juxtaposent avec le manque de couverture du marché local, qui a vu les prix des fruits et légumes augmenter de plus de 18% durant le mois sacré de Ramadan. Au point que de nombreuses voix s’élèvent pour demander où va la production agricole marocaine au lieu de couvrir en premier les besoins internes… Dans un marché libéral, les agriculteurs préfèrent écouler leur production sur les marchés externes pour dégager plus de bénéfices. Cependant, au regard des coups répétitifs portés au pouvoir d’achat des ménages, l’on est en droit de se demander pourquoi les pouvoirs publics ne réagissent pas pour assurer avant tout l’approvisionnement interne. D’aucun estiment que le Maroc exporte non seulement des produits agricoles, mais aussi l’eau nécessaire à sa culture, au moment où le Royaume souffre d’un stress hydrique.
Y. E. H.