Vous avez dit déconfinement ?

PAR HASSAN EL ARCH
En ce Ramadan finissant, deux constats interpellent nos consciences dans des directions diamétralement opposées.
Le premier est positif et nous remplit de fierté : un Marocain est en train d’écrire une page extraordinaire dans l’histoire «covidienne» de 2020 et le monde entier retiendra peut-être son nom dans la perspective des mois qui viennent. Il s’agit du Pr Moncef Slaoui, expert international en immunologie, mandaté en début de semaine par le Président américain Donald Trump pour donner un coup d’accélérateur au développement d’un vaccin contre le coronavirus. Ce n’est pas rien. Ça nous rappelle, en tout cas, que des compatriotes font honneur au drapeau marocain aux quatre coins de la planète et que leur diaspora donne du Royaume une image qui force le respect.
Le second constat est totalement négatif et nous remplit de colère et de tristesse. A cinq jours de la date annoncée pour la levée du confinement au Maroc, une partie de nos concitoyens fait tout pour rendre le déconfinement impensable ! Leur comportement irresponsable, quasi-criminel, plombe les efforts que la majorité des Marocains déploie depuis le 20 mars, dans la restriction des déplacements, le respect des règles sanitaires et la facture psychologique, économique et sociale qui va avec… Une minorité d’individus franchement antipatriotes crache sur les sacrifices d’une majorité de citoyens admirablement restés dans les clous. C’est révoltant ! C’est honteux ! C’est inacceptable ! Le sort sanitaire de tout le pays est en jeu car ces réfractaires au devoir du confinement ne mettent pas leur seule vie en danger, mais attentent surtout à celle des autres. Avec arrogance, s’il vous plaît. Sans aucun scrupule, ni même le moindre iota de conscience.
Alors que le compteur égrène chaque jour le bilan macabre de nouvelles contaminations au «Covid-19», qui resterait indifférent à l’image de cette prière du mort célébrée tout récemment en pleine rue, au quartier d’Aïn Chok, à Casablanca ? Cette procession funéraire à Tiflet ? Cette partie de foot de jeunes sur la plage de Mehdia ? Cette célébration publique d’une malade guérie à Béni Mellal ?
Relâchement ? Le mot est juste, mais ne donne pas la réelle mesure du phénomène. Le Ramadan n’en explique pas, n’en justifie pas la banalisation. Le dilemme est cornélien en réalité : rejeter la chape de plomb que fait peser le confinement sur nos vies et transgresser allègrement les règles sanitaires qui s’imposent à 36 millions de Marocains ? Ou accepter l’état d’exception et investir un peu plus encore dans l’espoir et dans la foi ? Les lois de la physique nous enseignent que tout ce qui monte a tendance à retomber. Celles de la chimie aussi, dans une large mesure, le coronavirus étant un agent pathogène dont le schéma d’évolution est, en ce moment même, sous les lentilles des microscopes un peu partout à travers le monde. Notre compatriote le Pr Moncef Slaoui y travaille lui aussi.
Faisons donc confiance à la science. Et donnons le meilleur de nous-mêmes à notre pays et à ceux qui le servent sur les premières lignes du font : médecins, infirmiers, ambulanciers, policiers, gendarmes, militaires, éboueurs, gardiens, coursiers… Sinon, le déconfinement demain sera un cauchemar sans commune mesure avec celui du confinement aujourd’hui.