De grandes marques occidentales trop proches d’Israël pâtissent d’un boycott croissant
Depuis octobre 2023, des mouvements pro-palestiniens et désormais certains gouvernements appellent les consommateurs à bouder les produits et les enseignes des entreprises qui seraient, selon eux, trop solidaires avec Israël. Plusieurs multinationales en ressentent bien les effets.
De l’Égypte à l’Indonésie, de l’Arabie Saoudite au Pakistan, les appels au boycott se poursuivent depuis 10 mois dans les pays musulmans.
McDonald’s fait par exemple l’objet d’un rejet, qui a d’abord commencé dans les pays à majorité musulmane et qui s’est ensuite étendu sur les réseaux sociaux. Sa filiale en Israël avait distribué des milliers de repas gratuits aux membres de l’armée israélienne.
Dans ses derniers résultats trimestriels, la chaîne de restauration rapide a reconnu que ses résultats pâtissent toujours du conflit dans la bande de Gaza.
Un boycott touche également le géant américain des snacks Mondelez et le groupe de cosmétiques L’Oréal, qui ont admis chacun avoir perdu au Moyen-Orient 2% de leurs ventes au deuxième trimestre.
Les marques préfèrent globalement ne pas trop en parler, explique le géopolitologue français Frédéric Encel : « Elles ont toujours beaucoup de réticences à dire que cela leur coûte cher. Ce n’est jamais très bon pour les investisseurs et vis-à-vis de leur clientèle ».
Ces entreprises restent d’autant plus discrètes que ce sont aussi les gouvernements qui sont à la manœuvre. Au Pakistan, qui abrite la deuxième plus grande population musulmane au monde après l’Indonésie, le gouvernement a promis en juillet de former un comité pour boycotter les produits des entreprises qui soutiennent « directement ou indirectement » Israël.
En Indonésie, de nombreux magasins Starbucks arborent sur leurs portes des panneaux clarifiant la position de l’entreprise, qui s’affiche neutre et non impliquée dans le conflit.
Dans un tel climat polarisé, les multinationales sont censées prouver qu’elles ne soutiennent aucun des deux camps.
« Beaucoup de grandes boîtes recrutent désormais des spécialistes de ces régions pour savoir, de la manière la plus fine et sensible possible, quelle devra être leur politique dans ces sociétés », indique Frédéric Encel.
Ces entreprises occidentales sont également confrontées à une concurrence plus rude de la part des groupes locaux dans tous ces pays.