LOI «47-18», CRI «3.0»

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
direction@letempsmag.ma
Longtemps, la réforme des CRI (Centres Régionaux d’Investissement) a tenu plus du serpent de mer que de la réalité. On en voit à peine la tête, mais jamais la queue… C’est pourtant l’un des dossiers les plus lourds et les plus structurants dans l’agenda des différents gouvernements qui se sont succédé au Maroc depuis plus de deux décennies. Il n’a jamais été réellement pris à bras-le-corps pour une raison peu avouable : c’est une patate chaude que l’on se refile d’Exécutif en Exécutif et que l’on classe, au gré des mandats, dans le casier des affaires à suivre…
Réformer les CRI est-il si ardu ? Oui. Mais pas impossible. A l’instar des grands dossiers «systémiques», son traitement requiert de la volonté politique, de l’expertise économique et de la prévoyance sociale. L’actuel gouvernement ne manque ni de l’une ni de l’autre. Mais il a sans doute ce quelque chose qui fait souvent la différence dans l’approche des grands dossiers : la vision prospective sur les priorités à traiter. Les moyens mobilisables aussi. Car dans CRI, le «I» appelle des fonds, de la modélisation budgétaire et de très hautes compétences pour relever le challenge du développement.
Comme nous le rappelons dans le dossier central (pages 16 à 21) consacré dans ce numéro à la question, le Maroc a décidé de procéder à une profonde réforme des CRI après l’adoption et la promulgation de la fameuse loi «47-18» portant réforme des CRI et création des Commissions Régionales Unifiées d’Investissement (CRUI) en février 2019 ainsi que son décret d’application en mai de la même année. «Le premier palier de cette réforme avait pour finalité de faire des CRI des acteurs de premier plan pour la promotion de l’investissement au niveau régional et l’accompagnement des investisseurs et des entreprises. Pour favoriser une politique ciblée et harmonieuse de l’État en matière d’investissement, les CRI sont passés sous la tutelle du chef de gouvernement. Le second palier a consisté à doter les CRI d’un nouveau dispositif de gouvernance et de gestion», apprend-on dans les textes fondateurs.
Le Maroc a décidé de se doter de CRI enfin dans l’air du temps ! Le développement socio-économique des régions en dépend de manière organique. Une réforme censée ouvrir au pays une nouvelle ère avec des CRI avant-gardistes; des centres version «3.0» comme disent les spécialistes du management, tendus fondamentalement vers la dynamique de l’investissement, la relance économique et la création d’emploi. Censés être plus proches des investisseurs (marocains et étrangers) qu’ils ne l’ont jamais été auparavant, ils devaient cesser d’être des antichambres de la bureaucratie pour jouer le rôle de catalyseur des affaires tant attendu.
En enclenchant enfin la réforme, en activant la loi «47-18», les pouvoirs publics envoient un signal qu’il s’agit pour les opérateurs de décrypter au premier degré : lever les obstacles systémiques à l’acte d’investir. On en parle depuis plus de deux décennies. Place à l’action maintenant. Enfin de l’action. Réellement de l’action.