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Lorsque les jeux en ligne revendiquent leur impact social et sociétal

Au Maroc, comme dans la plupart des autres pays, une crise silencieuse se déploie alors que les jeunes adultes font face à une vague croissante de dépression et de problèmes de santé mentale, exacerbée par les tensions économiques et les pressions sociétales. Face à ce paysage passablement alarmant, où plus de 26% de la population souffre de dépression (selon les statistiques du ministère de la Santé et de la Protection sociale), de nombreux jeunes cherchent des chemins innovants vers la guérison. Le paysage de la santé mentale au Maroc présente des défis significatifs, notamment une profonde stigmatisation associée à la maladie mentale et une pénurie inquiétante de professionnels de la santé mentale : seulement 450 praticiens pour plus de 36 millions de personnes, comme l’a noté le grand expert, Pr Driss Moussaoui, dans l’une de ses interventions télévisées. Ces obstacles rendent les services de santé mentale traditionnels inaccessibles pour beaucoup, en particulier les jeunes. De plus, le coût financier de la thérapie, souvent inabordable pour le citoyen moyen, renchérit les difficultés.

Dans ce contexte de ressources limitées et de quasi-incompréhension sociale, des méthodes non conventionnelles pour obtenir un soutien émotionnel gagnent en importance. Les communautés des jeux en ligne (traditionnellement considérés comme de simples loisirs) sont désormais reconnues comme des plateformes importantes pour la connexion et le soutien psychologique. Ces espaces numériques offrent bien plus que du divertissement. En effet, ils fournissent une interaction sociale importante et un sentiment d’appartenance qui peuvent être thérapeutiques pour les individus qui se sentent isolés ou incompris en raison de leurs problèmes de santé mentale.

L’histoire du jeune Ashraf (photo) est révélatrice et édifiante. Ce jeune étudiant marocain a vécu une grande tragédie personnelle qui l’a conduit à chercher du réconfort dans le jeu en ligne «Free Fire». En 2021, à l’âge de 19 ans, il a perdu en effet ses deux parents, ce qui l’a plongé dans une profonde dépression, des insomnies et un sentiment d’isolement intense. Bien qu’il ait suivi des séances de thérapie, c’est la camaraderie et la solidarité trouvées dans la communauté mondiale de «Free Fire» qui lui ont offert un réconfort inattendu. Ashraf confie : «Dans les moments les plus sombres, lorsque je me sentais complètement seul, c’étaient les voix de mes amis de jeu qui me soutenaient. Ils étaient là pour moi quand il semblait que personne d’autre ne l’était»…

Dans les arènes virtuelles de «Free Fire», Ashraf s’est connecté à d’autres jeunes qui partageaient des combats similaires ou offraient simplement une oreille attentive. Ces connexions virtuelles se sont transformées en un réseau social de soutien qui lui a fourni une compagnie et un encouragement cruciaux pendant les moments les plus sombres. Aujourd’hui âgé de 22 ans, Ashraf poursuit un Master tout en travaillant comme responsable de services logistiques dans un magasin de l’enseigne Marjane. Malgré son emploi du temps chargé, il trouve encore le temps de se connecter à la communauté «Free Fire» et communiquer avec ses amis et coéquipiers, maintenant ainsi les liens qui l’ont aidé à traverser la période la plus difficile de sa vie.

L’expérience d’Ashraf rappelle une tendance plus large où les plateformes numériques servent de réseaux de soutien informels. Certaines de ces communautés en ligne offrent un sentiment d’appartenance souvent absent dans les environnements physiques de ceux qui luttent pour dépasser leurs problèmes de santé mentale. À méditer !

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