Mounia Wafi ou les géographies de l’âme

L’artiste Mounia Wafi expose ses toiles dans le cadre de l’exposition collective «Peintures intimes», à la galerie Living 4 Art à Casablanca, du 9 septembre au 7 octobre prochains. Un voyage dans les géographies de l’âme avec cette créatrice talentueuse.
Certains viennent à la peinture par mimétisme. Certains y trouvent une thérapie. D’autres y vivent une renaissance. C’est le cas de Mounia Wafi, une artiste plasticienne autodidacte qui s’est appliquée à apprendre en travaillant passant d’une découverte à l’autre, au contact du papier, de la toile, des couleurs et des matières.
Sa passion pour les couleurs et les formes l’accompagne depuis l’enfance, avec toujours ce désir impérieux de dessiner, de donner corps à des formes et de vouloir s’exprimer par le prisme chromatique comme un second langage. Apprenant avec patience le dur métier de créer en travaillant avec assiduité et discipline, Mounia Wafi n’hésite pas à explorer des strates enfouies de son imaginaire à travers des lignes, des courbes et des formes. Elle y met une part indivisible de ses sentiments, comme dans une volonté de dire l’indicible tout en le drapant du voile de la couleur: «Je ne sais pas théoriser sur ce que je peins. Par contre, je peux vous dire que je vais à l’instinct. Je découvre et je me découvre à travers ce qui prend forme sur la toile. C’est pour moi une expérience unique à la fois stimulante et puissante. Elle exige de la sincérité et un détachement complet de tout ce qui peut freiner l’expression libre de ce que je ressens», confie l’artiste.
Ce travail est sous-tendu par des couleurs fortes, entre bleu, rouge, vert et noir. Des couleurs brutes qui trouvent en elles-mêmes leur propre cheminement pour constituer des ensembles hétérogènes où le sens réside dans l’expression déclinée en formes. Cet univers est disparate allant du plus simple au plus complexe, avec une profonde inclination pour l’incarnation corporelle, exprimant ainsi des interrogations sur soi et sur le monde, sans chercher des réponses ni vouloir rendre clair ce qui est obscur. Ce travail au plus près des sens met en lumière le non-dit et le décline en lignes sinueuses comme dans cette série des arbres de vie, qui narre la naissance, les trajectoires de la vie et l’infini de l’esprit humain. C’est là, toute une approche picturale intériorisée qui tente d’aller à l’essentiel en restant au plus près de l’instinct et de la force de l’intuition.
ABDELHAK NAJIB