Vous avez dit 7 février ?

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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On ne parle (presque) plus que du 7 février 2022. Et l’on comprend pourquoi. Ce que l’on comprend moins – ou que l’on comprend, mais que l’on ne digère pas – est ce qui a fait de ce jour une date absolument «providentielle» ! Pour les Marocains de manière générale, et pour les opérateurs économiques et les touristes en particulier.
Tout se passe comme si la présente version de notre logiciel de vie arrivait à expiration le 6 février à minuit et que sa mise à jour, dès l’aube du lendemain, nous téléportera dans un vécu entièrement différent. Non pas nouveau, mais simplement re-normalisé puisque les frontières (et la liberté de mouvement qu’elles impliquent) ont été fermées, en bonne et due forme, depuis novembre 2021. Du coup, des milliers de personnes frétillent de joie et d’autres ressentent un immense soulagement à l’idée de re-bouger de nouveau dans les deux sens des frontières.
On considère tout à coup précieuse la chose dont on avait pourtant la jouissance naturelle, mais que l’on a perdue. En recouvrer l’usage confine au miracle pour certains. En particulier les familles éclatées, les couples déchirés et les célibataires forcés à l’immobilité pendant près de trois mois.
Le gouvernement nous dit que c’était un mal nécessaire, que c’était pour notre bien, que la situation épidémiologique l’exigeait, que la fermeture du ciel s’est imposée à l’évidence, que les mutations du coronavirus appelaient une réaction radicale, que l’on a évité cinq ou six vagues virales en se barricadant, mais que l’on peut maintenant reprendre une vie «normale» dès le 7 février tout en restant prudent. Parce que les conditions de réouverture sont désormais… réunies.
Nous n’entrerons pas dans une dialectique stérile sur le bien-fondé (ou non) des décisions de l’Exécutif. Il dirige le pays avec la force de la Constitution. C’est un fait. S’en acquitte-t-il comme il se doit ? C’est tout un débat sur lequel devront plancher, un jour, chercheurs, universitaires, militants de la société civile, journalistes et leaders d’opinion. On se contente, pour ce qui nous concerne, de poser la question formulée sur la Couverture du présent numéro : Rouvrir, c’est bien ! Fallait-il fermer ? Toute la question est là ! Le drame dans ce genre de situation est que l’on n’est jamais, au grand jamais, certain que les décisions officielles prises aujourd’hui ne seront pas mises à la poubelle le lendemain, avec un brutal retour à la case départ… On est déjà passé par là avec l’actuel gouvernement comme avec son prédécesseur. Que Dieu nous vienne en aide !