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Violeurs, culpabilisateurs et Cie…

PAR HASSAN EL ARCH

Deux événements ont marqué la semaine qui s’achève. Tous les deux à tonalité fortement sociale. Le second a presque «répondu» au premier si l’on tient le fil de leur objet par les deux bouts.

Le mardi 30 mars, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire s’est penché sur la situation actuelle de la Justice dans le Royaume. Le jeudi 2 avril, le Collectif de défense des victimes de viol a annoncé la création d’un cadre juridique pour donner du sens et de l’efficience à son combat.

Aucun parallèle de cause à effet, mais simplement l’actualité qui détermine la quasi-concomitance des événements. Cette actualité se nourrit, depuis quelque temps, d’«affaires» qui polluent le fonctionnement de la Justice et rendent ses trains de réformes d’autant plus poussifs. Certes, c’est un vieux serpent de mer. On n’en voit jamais le bout, depuis des années qu’on en parle. C’est pourtant l’un des moteurs qui donneront la poussée décisive au nouveau modèle de développement. Sans Justice, point de changement. Guère d’espoir.

Mardi 30 mars, Rabat. Sitôt nommés, sitôt au travail. Mohamed Abdennabaoui, premier Président de la Cour de Cassation et Président Délégué du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, et El Hassan Daki, Procureur Général du Roi près la Cour de Cassation et Président du Ministère Public, se sont retrouvés, ce jour-là, pour «diagnostiquer la situation de la Justice dans la perspective d’élaborer une stratégie d’action aux moyen et long termes». Le communiqué officiel dit que cette stratégie a pour objectifs de rehausser la performance du secteur judiciaire, mettre la Justice à niveau et assurer davantage d’efficience et de transparence. Dans le pipe aussi, la volonté de moraliser le corps judiciaire, promouvoir la déontologie, les usages et les principes constitutionnels en lien avec la notion de Justice. En d’autres termes, l’heure est aux actes et non plus aux discours. Les orientations Royales sont, au demeurant, très claires : accélérer le chantier de réforme de la Justice. Pas moins.

Jeudi 2 avril, toujours à Rabat, ce qui donne plus d’épaisseur politique à l’événement. L’un des dossiers les plus complexes, judiciairement et socialement parlant, est de nouveau porté sur la voie publique avec, cette fois, une volonté d’en découdre avec des ennemis qui ont pour noms laxisme, indifférence et procrastination. Il s’agit du combat des victimes d’agressions sexuelles. Le Collectif qui fédère le mouvement a annoncé la création d’un cadre juridique pour défendre ces victimes encore largement inaudibles au Maroc ! «Nous avons besoin d’outils de plaidoirie stratégiques pour combler l’écart entre la société et les textes juridiques», déclare Me Meryem Jamal Idrissi, avocate au Barreau de Casablanca et membre du Collectif de défense des victimes de viol.

Cet écart sera comblé – en tout cas largement réduit – le jour où la Justice sévira sans hésiter un seconde, et avec un niveau de «tolérance zéro», contre les violeurs d’abord, grands criminels devant l’Éternel. Et contre quiconque continuera d’accabler les victimes de viol, les culpabiliser et, ce faisant, les enfoncer davantage dans la détresse. Des victimes se sont donné la mort, faut-il le rappeler ?! Celles qui résistent à la tentation suicidaire sont marquées pour la vie. Et elles attendent toujours une (vraie) réforme de la Justice…

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