Comme un malaise…

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Il y a comme un malaise dans l’air… Chaque fois que l’on y pense, le sentiment est le même chez la majorité des Marocains : le conflit entre la Russie et l’Ukraine serait-il le seul facteur de hausse des prix des carburants sur le marché national ? Bien évidemment non. Il en est un catalyseur. Puissant, certes, mais pas exclusif…
La question des marges des distributeurs est récurrente dans tous les débats sur les hydrocarbures, au point de déborder de son strict cadre économique pour prendre l’acuité et la profondeur d’un sujet éminemment «politique». Paradoxalement, à la lumière des analyses les plus crédibles, ces fameuses marges apparaissent sous un jour nouveau, dès qu’elles sont corrélées aux paramètres systémiques mesurés par les experts. En effet, ce n’est pas tant l’«épaisseur» de ces marges que leur rigidité qui nourrit le malaise. Quand on a compris le principe de l’indexation, on a compris l’essentiel. Mais ce que le consommateur ordinaire, le chef de famille, le transporteur de marchandises, le voyageur professionnel, l’entrepreneur ne comprennent pas souvent est la curiosité anti-mécanique qui caractérise cette indexation : la hausse des cours internationaux est répercutée à la pompe au Maroc, mais la baisse, quand elle survient, ne l’est pas dans des proportions mathématiques. D’où le débat qui n’en finira probablement jamais sur la structure réelle de ces marges dont le niveau se chiffre en milliards de DH.
Le débat n’épargne aucune strate de la société et s’invite régulièrement sous la coupole du Parlement. Dans son rôle régalien, le Conseil de la Concurrence s’est naturellement emparé du dossier. Publié fin septembre, son rapport était – on s’en doute bien – très attendu non seulement dans les cercles officiels, mais également sur la voie publique. Des millions de Marocains en sont, directement ou indirectement, concernés. Nous en donnons un aperçu dans ce numéro (page 6) mais le texte intégral est consultable sur le site du Conseil de la Concurrence. Ce qu’on en retient d’emblée est que la structure des prix de vente des carburants est composée notamment des prix d’achat du gasoil et de l’essence à l’international mais aussi des taxes prélevées par l’État. On le savait un peu, mais l’on apprend surtout que «le résultat net cumulé entre 2018 et 2021, dégagé par les 7 opérateurs du marché national, sur le segment gasoil et essence, représente environ 63% de leur résultat net toutes activités confondues, soit 10,7 milliards de DH». On apprend encore que «Les sociétés de distribution ont tiré profit de la forte chute du cours sur le marché international pour augmenter leurs marges». Secret de polichinelle. La vraie question est : que fera le gouvernement, maintenant que le curseur est pointé là où il faut ? Une question que se pose l’opinion publique, et qui appelle une réponse sans détours…