Le think tank de l’OCP planche sur les relations internationales dans le contexte du «Covid-19»

D’éminents chercheurs et spécialistes ont scruté, le temps de deux webinaires organisés récemment par le Policy Center for the New South (porté par le groupe OCP), l’impact du «Covid-19» sur les secteurs de l’énergie, l’économie, la géopolitique et les relations internationales. Ces deux webinaires s’inscrivent dans le cadre de la présentation de la 7ème édition du rapport annuel «Atlantic Currents» du think tank intitulé «La crise du «Covid-19» vue de l’Atlantique Sud».
Animé par Mina Baliamoune, Senior Fellow au PCNS, le premier webinaire a exposé les principales conclusions des chapitres du rapport traitant de l’impact de la pandémie du «Covid-19» sur les secteurs de l’énergie et de l’économie, dans une perspective atlantique. Intervenant à cette occasion, Fahad Alturki, Vice-Président de la Recherche au King Abdullah Petroleum Studies and Research Center (Arabie Saoudite), a abordé les implications du «Covid-19» sur le marché de l’énergie, en donnant un aperçu général des conséquences de la pandémie sur l’activité économique et de son impact sur la demande énergétique. A cet égard, il a expliqué que le ralentissement de l’activité économique a entraîné une baisse de la demande d’énergie, notamment dans les secteurs de l’industrie et des transports, indiquant que l’impact du coronavirus a été mal évalué, menant à une accumulation considérable de stocks.
Sous un autre angle, le Pr Rym Ayadi, Présidente de l’Association des Economistes Euro-Méditerranéens et professeure à la Business School de la City University de Londres, a souligné l’augmentation de la dette souveraine des pays à revenus moyens et faibles et a rappelé les efforts menés actuellement par la communauté internationale pour réagir collectivement à la pandémie. La spécialiste a, en outre, indiqué que le Fonds Monétaire International a appelé à une réforme urgente de l’architecture de la dette, en préconisant des mesures qui permettent d’alléger davantage la dette, de renforcer les dispositions relatives aux entrepreneurs en procédant à la prorogation des délais de recouvrement pour différents types de transactions et d’améliorer la transparence qui, selon l’intervenante, est une préoccupation cruciale.
De son côté, l’ambassadeur du Mexique Gerardo Traslosheros, a indiqué que le «Covid-19» a entraîné une instabilité globale à laquelle le monde n’était pas préparé et que des mesures climatiques plus sérieuses doivent être prises afin de prévenir de futures calamités. Il a d’emblée présenté des considérations générales que l’on peut résumer ainsi : minimiser les pertes de vies et réduire le coût économique de la pandémie, deux objectifs qui doivent être poursuivis simultanément, surtout que les groupes sociaux vulnérables deviennent plus exposés à la famine, à la maladie et à l’anarchie sociale.
S’agissant du deuxième webinaire, organisé le 15 avril, il a été animé par Mohammed Loulichki, Senior Fellow au Policy Center for the New South. Selon un communiqué du think tank, cette rencontre a permis de passer en revue les principales conclusions tirées des chapitres du rapport consacrés aux conséquences de la pandémie du «Covid-19» sur la géopolitique et les relations internationales, à partir d’une perspective atlantique. Prenant la parole, Eduardo Haddad, Senior Fellow au think tank, a présenté un exposé sur la crise du «Covid-19» et la géographie du mécontentement dans l’hémisphère sud. Ce concept signifie que les conditions dans lesquelles les individus vivent ou travaillent influencent fortement leur vision du monde et des défis auxquels ils sont confrontés, a-t-il relevé. Puisque l’hémisphère sud a tendance à enregistrer des taux d’inégalité plus élevés parmi ses sociétés, il y a plus de chances de générer un mécontentement croissant, a-t-il estimé, expliquant que cet argument s’applique à la compréhension des impacts économiques de la pandémie sur les régions appartenant à l’hémisphère sud et aux segmentations des différents secteurs qui résultent du choc économique.
De son côté, El Mostafa Rezrazi, également Senior Fellow dans la même entité, a abordé les impacts de la pandémie sur la société sous l’angle de la santé mentale et du changement des comportements, mettant l’accent sur ses recherches concernant l’anxiété et la dissonance cognitive générées chez des individus en ces temps difficiles.
Quant à Salma Daoudi, assistante de recherche en relations internationales au Policy Center for the New South, elle a mis en lumière la question des capacités sanitaires qui sont devenues un nouvel instrument de pouvoir dans la sphère internationale. Elle a notamment fait référence à la conclusion générale du chapitre qui illustre montre comment les capacités sanitaires peuvent à la fois être une source et une expression de pouvoir dans le sens où elles ne sont pas suffisantes pour garantir le pouvoir, mais restent nécessaires pour protéger les intérêts nationaux.
Le rapport «Atlantic Currents», publication phare du think tank marocain, offre chaque année une perspective originale sur les enjeux mondiaux et atlantiques. Le thème de la 7ème édition de ce document de référence, de près de 300 pages, signé par 22 auteurs de l’Atlantique Sud, s’aligne sur celui de la conférence «Atlantic Dialogues» qui s’est déroulée en novembre et décembre 2020 sous forme de webinaires «AD Talks», en raison de la pandémie.