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EDITO

Ich liebe dich moi non plus !

PAR HASSAN EL ARCH

Antigone II Doson, ancien Roi de Macédoine, avait immortalisé cette succulente répartie face à l’adversité : «Dieu, gardez-moi de mes amis. Mes ennemis, je m’en occupe». La phrase a traversé les âges, depuis l’Antiquité à nos jours. Elle caractérise avec éloquence ce qui se passe en ce moment entre Rabat et Berlin. L’Allemagne, oui, supposée être un pays ami et partenaire du Maroc. Elle se comporte, en tout cas, comme tel dans ses rapports avec le Royaume, depuis des décennies. Eh bien, cette Allemagne-là, que nous respectons et admirons, a floué sans vergogne (et continue de le faire) 36 millions de Marocains. Géopolitique oblige. Intérêts stratégiques aussi. Calcul, duplicité et opportunisme, pour tout dire. Il fallait qu’on soit naïf pour croire à l’amitié «désintéressée» de la première puissance européenne et quatrième économie mondiale. Peu de gens, en réalité, avaient cette naïveté. Mais tout de même !

L’Allemagne, depuis l’intronisation d’Angela Merkel il y a quinze ans, a mené en profondeur un travail de proximité et une tactique de confiance qui a valu au Maroc un excellent partenariat en termes d’économie. Pour la politique, on repassera. S’acoquiner ouvertement avec l’Algérie des Généraux et, ce faisant, mépriser les lignes rouges du Royaume, cela ne saurait s’appeler partenariat. Et encore moins amitié. Se prévaloir d’assistance financière (si conséquente soit-elle) et toucher aux valeurs du pays qu’on prétend accompagner, cela s’appelle tromperie. Pour ne pas dire autre chose…

Que l’on en juge.

Le Maroc a bénéficié en 2020 d’un programme de coopération financière globale, déployé par l’Allemagne, d’un montant de 1,38 milliard d’euros (15,25 milliards de DH) dont 202,6 millions d’euros (soit 2,2 milliards de DH) sous forme de dons. C’est le ministère marocain des Affaires étrangères lui-même qui l’affirme. Ces fonds ont permis de soutenir directement les efforts de lutte contre la pandémie, moyennant 717 millions d’euros pour le Fonds «Covid-19» et la Caisse Centrale de Garantie. C’est énorme. Il n’y a pas d’autres mots. Mais il se trouve –  tenez-vous bien – que cette même Allemagne si serviable, si amicale, endosse aussi un habit politique aux antipodes de cette «bienveillance».

Depuis plus d’une année, Berlin ne ménage rien pour saboter les efforts du Royaume sur des dossiers sensibles, des questions de causes nationales. L’actuelle crispation autour de la position de l’Allemagne sur le Sahara est un euphémisme. Sa critique virulente de la décision de Washington à propos de la souveraineté du Royaume sur ses territoires du Sud est un vrai cas d’école pour qui prépare un mémoire sur les vertus de la duplicité ! Il faut remonter à l’année dernière pour comprendre les prémisses de cette malveillance qui ne disait pas son nom. Le Maroc, qui a pourtant abrité plusieurs mois le dialogue inter-libyen avec son sens bien connu de l’hospitalité et des bons offices, a été écarté par l’Allemagne au Sommet de Berlin dédié à la Saison II de ce même dialogue. Et comme si cela ne suffisait pas, le pétrole et le gaz algériens font le reste. Avec du recul, la perspective devient plus intéressante dans une ville comme Brême, fief du SPD qui a toujours été pro-Polisario. En 2013 déjà, sa mairie avait décerné un «Prix de la Solidarité» à la notoirement séparatiste Aminatou Haidar.

Alors, qu’on arrête de nous seriner que l’Allemagne nous veut du bien. Le business de la diplomatie obéit à la «realpolitik». Une invention allemande, tiens ! Croire le contraire est une vue de l’esprit.

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