Tout le reste est du folklore

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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10 milliards de DH. Tel est le montant de la (nouvelle) rallonge budgétaire que vient d’acter le gouvernement au titre de l’actuelle Loi de Finances. Il faut croire que 2023 est l’exercice de tous les excès ! Il faut croire aussi que l’Exécutif préfère les raccourcis aux révisions systémiques. De fait, ce sont trois rallonges qui sont opérées depuis 2022.
La mesure a été actée lors du dernier Conseil de gouvernement. Fidèle à sa pédagogie, le Ministre du Budget a tenu à expliquer le pourquoi et le comment de la chose, sous la Coupole de l’Hémicycle, dans la foulée du Conseil. Mais ceux qui s’attendaient à un «oral» sur le choix d’une rallonge budgétaire en lieu et place d’une Loi de Finances Rectificative en ont été pour leurs frais… Fouzi Lekjaâ a été égal à lui-même en allant droit au but : l’ouverture de crédits supplémentaires au titre de 2023 est une option logique et inéluctable. Ni plus, ni moins. Et pour évacuer l’éventualité de débats partisans, aussi bien dans l’opposition qu’au sein de la majorité, le Ministre a verrouillé son exposé sur l’énumération académique des urgences. Faisant valoir, au passage, le décret qui légitime la démarche, en conformité avec l’Article «60» de la Loi Organique des Finances :
– 4 milliards de DH destinés à l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE) dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d’accord pour la période 2023-2027, qui sera signé avant la fin de cette année.
– 3,3 milliards de DH budgétisés pour pallier les effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat des citoyens.
– 1,5 milliard de DH pour les dépenses supplémentaires et nécessaires à la mise en œuvre du programme national d’approvisionnement de l’eau potable et l’irrigation sur la période 2020-2027.
– 1,2 milliard de DH affecté à la mise en œuvre de la feuille de route du tourisme pour la période 2023-2026.
Dans une déclaration aux médias, à la fin de l’exercice écoulé, le Président de l’Ordre Régional des Experts Comptables Casablanca et consultant en gestion financière, Anas Abou El Mikias, avait estimé que «Si l’on veut se conformer aux normes de l’orthodoxie en matière de gestion des finances publiques, toute la budgétisation initiale et les hypothèses qui ont prévalu pour soutenir la Loi de Finances en vigueur sont dépassées, avec les incertitudes et les crises, flambée des prix des produits pétroliers, guerre en Ukraine… Donc, normalement, on était censé aller vers une Loi de Finances Rectificative». C’était avant l’actuelle et troisième rallonge budgétaire. Une appréciation quasiment prophétique dans la mesure où le choix est fait en 2023 pour la continuité, non pour la rupture.
Quoi qu’il en soit, les citoyens se préoccupent majoritairement de ce qu’ils mettent dans leur assiette, non des joutes politico-financières devant les caméras de la télévision et les micros des réseaux sociaux. En d’autres termes, ce qui compte, c’est ce que fait ou fera le gouvernement pour atténuer l’impact de la crise sur les consommateurs. Tout le reste est du folklore…