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Utopie pour les uns,
panacée pour les autres…

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

direction@letempsmag.ma

La présentation du Budget économique exploratoire est classiquement un moment intéressant. Dans le débat sur la bonne ou mauvaise santé des agrégats fondamentaux de l’économie, il vient éclairer les observateurs avertis d’abord, et l’opinion publique ensuite, sur l’état du pays. On comprend que les sorties d’Ahmed Lahlimi Alami soient toujours attendues. Le Haut Commissaire au Plan, qui préside aux destinées de cette institution depuis un peu plus de deux décennies (nommé par le Souverain en 2003) est un spécialiste rompu aux arcanes de l’économie de gauche, expert en statistiques et fin analyste de la finance publique. On comprend aussi que sa dernière sortie ait fait mouche auprès des médias et qu’elle ait aussi suscité un vague malaise chez beaucoup de personnes qui suivent l’état de santé du Maroc aux plans économique et social.

Le haut responsable a présenté, il y a quelques jours, le Budget économique exploratoire relatif aux exercices 2022 et 2023. Un éclairage sans concession sur la conjoncture actuelle, ainsi que nous l’expliquons dans notre article en page 27 de ce numéro. Éclairage d’autant plus intéressant qu’il adosse la réflexion au principe bien connu de l’indice dit de «Gini». Cet indicateur synthétique permet de rendre compte du niveau des inégalités pour une variable donnée sur une population donnée. Les inégalités mesurées (un processus complexe) portent sur des variables telles que les revenus, les paliers de salaires, le niveau de vie, la consommation, etc. Autant de paramètres sur lesquels le Maroc a certes encore du travail à faire.

Le diagnostic dressé par Ahmed Lahlimi Alami sur l’état de l’économie nationale est inquiétant. La crise du «Covid-19», conjuguée aux effets de l’inflation, à l’impact de la sécheresse et aux implications de la guerre russo-ukrainienne, est lourdement conséquente puisqu’elle a fait perdre au Maroc deux années et demie de croissance ! Selon le Haut Commissaire au Plan, le Royaume aurait perdu trois ans de lutte contre la pauvreté. Pour autant, le combat sur le front des inégalités sociales est loin d’être gagné. «L’impact de la crise sur les classes riches est beaucoup moins important que sur les classes moyennes et populaires. Ces trois dernières années ont effacé tous les efforts de réduction des inégalités au fil des deux dernières décennies», estime Ahmed Lahlimi Alami, qui pointe les trois problèmes majeurs que l’Exécutif peine à résoudre, en l’occurrence la dépendance excessive de l’agriculture, l’inefficacité de l’investissement et… la corruption.

Une piste, encore une, consisterait peut-être à chercher les ingrédients d’une réelle solidarité nationale, mais en évitant de «surcharger l’État, les entreprises et les ménages». Dixit Ahmed Lahlimi. Utopie pour les uns, panacée pour les autres, l’idée est difficilement traduisible dans les faits. Mais c’est l’un des axes fondamentaux du nouveau Modèle de développement du Royaume. L’approche visionnaire du Souverain prend tout son sens et sa portée. Avec du recul, les germes en étaient déjà là, bien avant la lame de fond «Covid-19» !

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