Qui l’aurait cru en 2020 ?

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Qui l’aurait cru en 2020 ? Cette année-là, la pandémie du «Covid-19» avait mis à genoux non seulement le secteur du tourisme au Maroc, mais presque toute l’économie du pays. Un coup de quasi-arrêt, durant de longs mois. Un désastre dans tous les sens du terme, la plupart des indicateurs d’activité flirtant avec le zéro… Cinq années plus tard, en ce janvier 2025, ces mêmes indicateurs nous disent que le tourisme dans le Royaume a non seulement retrouvé ses marques vertes, mais qu’il enregistre un record historique avec des agrégats jamais vus dans l’histoire contemporaine du pays. Avec 17,4 millions de visiteurs enregistrés au 31 décembre 2024, ce sont 20% de plus par rapport à 2023, annonce le ministère du Tourisme.
«Le Maroc atteint de manière anticipée l’objectif ambitieux de sa feuille de route, initialement prévu pour 2026», se félicite le Département de tutelle. Dans la foulée, l’on apprend que le Royaume a dépassé l’Égypte sur le continent. La destination des Pharaons affiche 15,7 millions de touristes au compteur à la même date, elle qui accapare depuis toujours le haut du podium dans les classements touristiques africains.
Nous consacrons à ce sujet le «Focus» de la présente édition digitale de notre magazine. Dire que la destination touristique Maroc a cartonné en 2024 est presque un euphémisme. Une progression à deux chiffres, d’un exercice à l’autre, fait bien évidemment chaud au cœur, mais elle interroge aussi : peut-on rééditer en 2025 ce très grand bond de 3 millions de touristes supplémentaires ? Maintiendra-t-on la même pression au niveau de tous les sous-indicateurs sectoriels ? Trafic aérien, remplissage des hôtels, vente des circuits touristiques, restauration, transport, économie de l’artisanat, services associés à l’écosystème du tourisme ? C’est le vrai challenge ! Lorsqu’on flirte avec des performances hors-normes, le recul ne se conçoit point, fût-il minime… À l’opposé, on conçoit aisément la pression que ressentent, en ce moment, les opérateurs du tourisme qui affichent presque tous un optimisme de bon aloi.
Tout cet écosystème a jubilé, il y a quelques jours, à l’annonce des chiffres officiels de 2024 : ministère du Tourisme, Office National Marocain du Tourisme, Confédération Nationale du Tourisme, Fédération de l’Industrie Hôtelière, Royal Air Maroc, Centres Régionaux du Tourisme… Le moral sectoriel n’a jamais été aussi bon. Paradoxalement, la pression (pour ne pas dire stress, au risque de jouer les rabat-joie) est d’autant plus grande car ce ne sont pas 17,4 millions de touristes que le Maroc espère accueillir d’ici à décembre 2025, mais 19 ou 20 millions. Excusez du peu ! Qui n’avance pas recule, dit le vieil adage. La CAN 2025 se tiendra au Maroc, cette année. On peut concevoir que la barre sera atteinte. Après, la perspective (et le challenge qu’elle suggère) sera l’organisation du Mondial 2030 qui fait déjà fantasmer au sein de l’opinion publique et des médias. À ce cap-là, le Maroc devrait flirter avec le 23 ou 24 millions de touristes. À défaut d’espoir, en aurons-nous la capacité ? Il faut y croire. Tout simplement. Une certaine dose de fatalisme positif est parfois nécessaire pour tenir le cap et croire en ses rêves.