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MAROC / ESPAGNE

Un tsunami migratoire déferle sur le préside occupé de Sebta

Quelques 6.000 Marocains ont traversé, lundi dernier, à la nage ou à pied (lorsque la marée le permettait) les encablures séparant Fnideq de l’enclave occupée de Sebta. Parmi eux, 1.500 mineurs, des femmes, des familles entières, des enfants non accompagnés et même des personnes âgées. Les autorités espagnoles ont procédé hier à l’expulsion d’autant de migrants de Sebta vers le Maroc, en dehors des mineurs qui ne peuvent être assujettis à cette mesure. Cet incident sans précédent dans l’histoire migratoire du Maroc a fait des émules puisque 86 migrants ont réussi à entrer au préside occupé de Melilia. Hier, des milliers de candidats à l’immigration clandestine ont fait leurs baluchons pour essayer de regagner Fnideq dans l’espoir de «brûler» les frontières.

Dans une réaction postée sur Facebook, Mostafa Ramid, Ministre d’État chargé des Droits de l’Homme et des Relations avec le Parlement, a affirmé que «l’Espagne a l’obligation de respecter les droits du Maroc dans la mesure où il respecte les siens». Se montrant plus explicite, il estime que «l’accueil par l’Espagne du chef des milices séparatistes du Polisario, sous une fausse identité, sans tenir compte des relations de bon voisinage qui exigent coordination et consultation, ou du moins de prendre le soin d’en informer le Maroc, est un acte irresponsable et totalement inacceptable». Le Ministre s’est posé une série d’interrogations : «qu’attendait l’Espagne du Maroc quand elle a hébergé le responsable d’une bande qui a pris les armes contre lui ?», «Qu’aurait perdu l’Espagne si elle avait consulté le Maroc au sujet de l’accueil de cet individu ?», «Pourquoi l’Espagne n’a-t-elle pas annoncé la présence sur son sol de l’individu en question en sa véritable identité ?», «N’est-ce pas là une preuve de sa conscience que l’acte commis est contraire aux relations de bon voisinage ?», «Et si c’était le Maroc qui avait commis cet acte  ?».

Le haut responsable a déploré que l’Espagne ait préféré sa relation avec le mouvement séparatiste du «Polisario» et son mentor l’Algérie à sa relation avec le Maroc qui a tant sacrifié au nom du bon voisinage. Mostafa Ramid ajoute que «le Maroc est donc dans son plein droit de faire savoir à l’Espagne l’ampleur de ses souffrances au nom de ce bon voisinage et qu’il ne va pas accepter de sous-estimation, afin qu’elle puisse revoir sa politique et ses relations avec son voisin et respecter ses droits comme il respecte les siens».

Selon de nombreux observateurs, l’indolence des autorités espagnoles et leur passivité montrent que l’ouverture des vannes migratoires est un acte de Rabat traduisant sa volonté de protester contre les positions hostiles de l’Espagne à la cause nationale. Le but étant de mettre Madrid sur la défensive dans un dossier où le Maroc affirme avoir respecté ses engagements, ce qui est loin d’être le cas de l’Espagne. Cela dit, les images de ce tsunami migratoire ont interpellé une large partie de l’opinion publique, qui estime que cela reflète une détresse sociale des populations de la région depuis la fermeture du poste frontière de Sebta et la fin de la contrebande vivrière. Après avoir essayé d’étouffer économiquement les présides occupés de Sebta et Melilia, le Maroc semble donc utiliser la carte migratoire comme outil de pression sur son voisin ibérique. Rabat a d’ailleurs rappelé hier son Ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, «pour consultations». Cela veut-il dire que l’on assistera à un remake de la crise déjà consommée avec l’Allemagne ? (Photo : AIC Presse).

A. A.

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