Le Maroc envisage de réduire la dépendance du Dirham des fluctuations de l’Euro et du Dollar

Lier le Dirham à l’Euro et au Dollar, mais aussi à un panier élargi de devises, offrant ainsi une plus grande flexibilité à l’économie marocaine face aux variations internationales. Telle est l’ambitieux projet que le Maroc entend mettre en œuvre pour réduire la dépendance du Dirham aux fluctuations des deux grandes devises étrangères et assouplir ainsi l’ancrage du Dirham d’ici à 2026.
Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al-Maghrib, a récemment annoncé cette transition à Washington, en marge des réunions annuelles du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. À en croire le haut responsable, cette transition s’inscrit dans un plan d’assouplissement graduel du taux de change, suspendu durant la pandémie du «Covid-19». La Banque Centrale est «techniquement prête» pour cette démarche et les régulateurs élaborent un plan pour la mettre en œuvre, a assuré Abdellatif Jouahri, ajoutant que les banques commerciales sont également préparées à cette étape.
Rappelons que le Maroc a entamé la libéralisation progressive du Dirham en 2018. À l’époque, il avait adopté une marge de fluctuation de 2,5% à la hausse et à la baisse, au lieu de 0,3% auparavant. Deux ans plus tard, cette fourchette a été étendue à 5% tout en maintenant l’ancrage du Dirham à un panier composé de 60% d’euros et de 40% de dollars. La prochaine étape consiste à se désolidariser de ce panier. Le Wali de Bank Al Maghrib a tout de même souligné que la dissociation du Dirham n’est pas une réforme aisée, car elle nécessiterait d’ajuster le taux d’intérêt directeur deux à trois fois par an. «Ce n’est pas une réforme simple, car la valeur du Dirham marocain par rapport aux devises étrangères sera affectée et c’est une réforme majeure qui aura un impact et la Banque Centrale portera une grande responsabilité et mettra sa crédibilité en jeu», a-t-il expliqué. Il a aussi fait savoir que le projet de loi sur les crypto-monnaies est prêt et qu’il attend l’approbation du gouvernement pour lancer le processus de discussion au Parlement.