Ça repart pour un tour ?

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
direction@letempsmag.ma
L’algèbre, la géométrie, la physique, la chimie, entre autres disciplines réputées être exactes, ne sont finalement pas les seules sciences à revendiquer la primauté de la rigueur. L’inconscience, l’irresponsabilité, l’égoïsme et le comportement autodestructeur seraient, eux aussi, des «sciences» exactes s’ils n’étaient pas simplement des attitudes qu’on peut qualifier d’antisociales.
Les mêmes causes engendrent les mêmes effets. «Covid-19», compris ! C’est valable et vérifiable en regardant le relâchement d’au moins la moitié de la population. Relâchement ? Le mot est un doux euphémisme. Dans l’autre moitié de nos concitoyens, un bonne part assume ouvertement le laisser-aller, affiche le ras-le-bol, refuse le masque de protection, jette à la poubelle le gel hydro-alcoolique et ne respecte plus aucune distanciation sociale. Résultat : la propagation du coronavirus reprend de nouveau. Et qu’on ne vienne pas nous seriner que cette fois, ce n’est pas si grave, que les nouveaux variants sont passablement sympas et que la létalité de la chose tient de l’anecdote désormais.
Le relâchement (ou le je m’en-foutisme, les uns et les autres l’appelleront comme ils voudront) sur les gestes barrières a rallumé le feu. C’était inéluctable. Nous avons la mémoire courte ! Ce sont ces gestes barrières, ainsi qualifiés bien à propos par l’OMS depuis près de trois ans, que nous avons été priés d’observer depuis le gouvernement d’El Othmani à celui d’Akhannouch. Nous nous y sommes conformés pendant deux ans qui ont été les plus pénibles, de mémoire de Marocain ordinaire. Mais nous avons survécu, abstraction faite des 16.080 décès enregistrés au jeudi 16 juin courant. Collectivement, les communautés sociales ont réinventé un avenir. Mais depuis deux semaines, la menace est là. Tout ou presque est à refaire si l’on reste sur le fil du rasoir.
Sans vouloir jouer les Cassandres, dans le choix du titre de notre dossier central, il faut bien se rendre à l’évidence ! Les «ingrédients» sont réunis : reprise de toutes les activités économiques et sociales à travers le pays, retour des touristes étrangers au Maroc, démarrage de l’opération «Marhaba 2022», préparatifs de l’Aïd Al Adha… Une vie sociale tout ce qu’il y a de plus normal et souhaitable. Mais faute d’accepter de continuer à payer un prix somme toute dérisoire (gestes barrières), nous risquons de revivre le cauchemar à répétition de 2021 et 2022.
Tous les spécialistes s’y accordent depuis deux semaines : l’apparition de nouveaux sous-variants du coronavirus a tiré vers le haut les infections au Maroc ! À la veille de la saison estivale, un nouveau scénario traumatisant n’est pas souhaitable, mais n’est pas exclu non plus… Personne n’aime l’idée d’être probablement à la veille d’une nouvelle vague virale, mais comme le souligne un expert connu et respecté au Maroc, le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, «on s’attend à une recrudescence accélérée des cas et à une nouvelle vague dans les semaines à venir». Un autre éminent spécialiste, le Pr Kamal Marhoum Filali, chef du service des Maladies infectieuses à l’Hôpital Ibn Rochd de Casablanca, le dit sans détour : «Les dernières études démontrent que la troisième dose de vaccin est assez vite dépassée et que les nouveaux variants répondent moins bien à la vaccination en raison des mutations». Quatrième dose, dites-vous ?