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EDITO

Il n’y aurait plus de Rubicon ?

Par ABDELHADI ALAMI

C’est ce qu’on appelle un «buzz». Et il est assez gros, celui-là… En effet, Ilyas El Omari a surpris tout le monde, à commencer par son propre écosystème partisan, en faisant mardi dernier une sortie médiatique à laquelle personne manifestement ne s’attendait.

Dans une tribune signée dans le média électronique «Hespress», le Secrétaire Général du PAM (Parti Authenticité et Modernité) appelle à une réconciliation et tend la main à ses pairs pour écrire ensemble une nouvelle page : «Malgré tout les obstacles et les provocations, notre volonté au PAM est de rendre facile le courant de la réconciliation avec tout le monde, dans un pays qui accueille tout le monde. En tant que parti nationaliste, jeune et militant, nous tendons la main à tous et souhaitons laisser derrière nous les brouilles absurdes et la haine aveugle. Nous souhaitons nous diriger vers la reconnaissance mutuelle dans l’intérêt de la Nation».

Il n’en a pas fallu davantage pour que le microcosme politique – et la rue aussi, forcément- en tirent des conclusions à rebours des schémas préfabriqués : le PAM se réconcilie avec le PJD ! Ah bon ?! Dans sa tribune pourtant, le leader PAMiste ne fait aucune mention explicite à une main tendue à Abdelilah Benkirane, le patron du PJD (Parti Authenticité et Modernité). Tout le monde le sait, en effet, avant même le démarrage de la récente campagne législative, le parti de la Lampe et celui du Tracteur se sont fendu de déclarations réciproquement hostiles, au point que la simple hypothèse d’un éventuel projet de rapprochement entre les deux formations équivalait à franchir le Rubicon ! Idéologies divergentes, schémas de travail antagonistes, visions de la société éloignées… El Omari et Benkirane nous ont abreuvés, tout au long des dernières semaines, de ce qui se fait de mieux dans le registre des «joyeusetés» de langage. Rarement deux leaders politiques se sont à ce point cordialement détestés, dans l’histoire du Maroc indépendant.

Mais voilà, Ilyas El Omari jette un pavé dans la mare et crée le «buzz». Il répond à ceux qui n’auraient pas bien décrypté son message pacificateur que sa sortie n’est pas corrélée aux tractations en cours pour la formation d’un nouveau gouvernement, mais va dans le sens naturel de sa vocation : un parti nationaliste, moderniste, réformiste et rassembleur. Cela signifie que la main du PAM n’est pas spécifiquement tendue au PJD, mais à l’ensemble des forces politiques présentes.

Fort bien. Il reste maintenant au PJD de réagir à cette «sortie» en expliquant comment il compte échafauder un Exécutif qui tiendrait la route avec ou sans le PAM. Un gouvernement Benkirane III qui serait capable de remettre sur les rails les institutions du pays et rassurer les citoyens sur le très court terme !

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