De la centralité géographique…

PAR HASSAN EL ARCH
Tous les manuels scolaires en rappellent la réalité : la carte du Royaume a bien changé depuis 44 ans. Le point d’inflexion, tous les Marocains s’en souviennent a été la Marche Verte. Jusqu’à 1975, le centre géographique du pays se situait, à quelques dizaines de kilomètres près, autour de Marrakech et des régions de Tensift et d’El Haouz. Souss-Massa et son chef-lieu Agadir en bordaient la limite méridionale jusqu’à Tan Tan.
Remarquable, le déplacement de ce centre géographique depuis 44 ans ! La carte, actualisée par l’épopée de la Marche Verte, rappelle depuis date-là comment le Royaume a redessiné ses frontières et comment les provinces sahariennes récupérées ont rallongé en profondeur la ligne des territoires vers le Sud. C’est de la toute première évidence de refaire ce constat. Naturellement. Mais, aux plans politique, économique, social et humain, ce constat ne génère du sens que si l’on met en perspective toute la dynamique d’intégration qui se déploie, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, depuis 44 ans.
Le discours Royal, prononcé par le Souverain le mercredi 6 novembre, à l’occasion de la célébration du 44ème anniversaire de la Marche Verte, nous rappelle une réalité essentielle. Aujourd’hui, le centre géographique du Maroc n’est plus Marrakech et les régions de Tensift et d’El Haouz, mais bel et bien Agadir et son arrière-pays Souss-Massa. D’Oujda, au bout de l’Oriental, à Dakhla, en territoires sahariens, environ 2.243 kms de routes invitent au voyage. Agadir en représente le point le plus proche du mi-parcours. C’est cette perspective spatiale que le Souverain a pointée dans son discours : «il est inconcevable qu’en dépit de la centralité géographique de la Région d’Agadir, en dépit de ses ressources, de ses potentialités, certaines infrastructures de base s’arrêtent à la hauteur de Marrakech. Par conséquent, Nous appelons à une réflexion sérieuse sur l’établissement d’une liaison ferroviaire entre Marrakech et Agadir, en envisageant la perspective d’une extension ultérieure au reste des Provinces du Sud». Tout est dit. Développement local, régionalisation avancée, particularismes territoriaux, toutes ces notions puisent leur substance à la source du rappel Royal : il ne peut y avoir un Maroc à deux vitesses ! Faute de quoi, 44 années d’intégration économique et sociale perdent leur sens…
Dans le dossier central (pages 18 à 31) que nous consacrons à ce sujet, le politologue et universitaire Mustapha Sehimi souligne avec beaucoup de pertinence la nécessité de mettre en œuvre des politiques publiques de rééquilibrage territorial, en particulier en faveur du Maroc méridional et de ses provinces sahariennes récupérées, «dans le soucis constant d’un développement équilibré et équitable au profit de toutes les régions», insiste-t-il.
Le discours du Souverain, rappelons-le encore, interpelle les mémoires et remet le curseur sur la carte du Royaume, qui a bien changé en 44 ans. «Nous préconisons le développement du réseau routier que nous renforçons d’ores et déjà par la mise en place de la voie express Agadir-Dakhla. Cette ligne contribuera non seulement au désenclavement de l’ensemble de la région, mais surtout à son développement et à son essor économique, en dynamisant notamment le transport des personnes et des marchandises et en apportant un soutien aux secteurs économiques en général, aux activités d’export et au tourisme en particulier».
Oui, un projet d’avenir Royal pour Agadir.