À Durban, le Maroc prend part à un plaidoyer pour la souveraineté sanitaire en Afrique
Sous la lumière vive de la 29ème Conférence annuelle de la Kwa Zulu-Natal Healthcare Coalition, à Durban (Afrique du Sud), une voix puissante s’est élevée. Celle d’un continent debout, lucide, résolu à ne plus déléguer son avenir. Une Afrique qui affirme, haut et fort, qu’il est temps de reprendre le contrôle de sa santé. Cette voix, portée par l’organisation panafricaine African Global Health (AGH), a trouvé son écho dans un ouvrage aussi attendu que nécessaire : «Health Sovereignty in Africa : The Advocacy» («Souveraineté sanitaire en Afrique : le plaidoyer»).
Après un lancement inaugural en Égypte, suivi d’une étape décisive au Kenya, puis d’un moment fort au Rwanda, c’est à Durban (Afrique du Sud) que le livre a été dévoilé une nouvelle fois, renforçant une dynamique continentale déjà en marche. Ce quatrième temps fort vient asseoir de manière stratégique la vision d’une souveraineté sanitaire africaine portée par le terrain, la science et la coopération Sud-Sud.
Ce livre n’est pas une simple publication. C’est un manifeste. Un acte politique. Une rupture assumée. Fruit d’une coédition audacieuse entre le Maroc, le Kenya et l’Afrique du Sud, avec l’appui éditorial des éditions marocaines Orion, «Health Sovereignty in Africa : The Advocacy» réunit les réflexions de figures emblématiques du renouveau sanitaire africain : Dr Imane Kendili (Maroc), Professeur Morgan Chetty (Afrique du Sud), Dr Amit N. Thakker (Kenya) et Najib Abdelhak (Maroc). Ensemble, ils signent un plaidoyer vibrant pour une souveraineté sanitaire fondée sur la justice, la compétence et l’ambition.
Durban, ville symbole de résistance et de renaissance, s’est imposée comme le théâtre idéal de cette proclamation. Dans une salle comble où se côtoyaient Ministres de la santé, experts, jeunes professionnels, activistes et acteurs de terrain, le livre a été accueilli comme un véritable outil de transformation. Un ouvrage qui ne se contente pas de dénoncer, mais qui propose. Qui ne donne pas de recettes toutes faites, mais qui trace des chemins concrets et réalistes.
«La souveraineté sanitaire n’est pas un slogan, c’est un impératif», a affirmé le Pr Morgan Chetty, hôte de l’événement et Vice-Président du Bureau continental d’AGH. Ses mots ont résonné comme un appel à la dignité, à l’autonomie et à l’intelligence collective. Pour lui comme pour les auteurs, il ne s’agit plus d’attendre : «L’Afrique ne peut plus dépendre de solutions importées. Elle doit penser et bâtir sa propre résilience».
Ce message s’inscrit dans une dynamique enclenchée depuis plusieurs mois, de Rabat à Nairobi et de Dakar à Kigali. À chaque étape, une même volonté : reprendre la parole, réinventer les modèles, s’ancrer dans le réel africain pour bâtir des systèmes de santé inclusifs, éthiques et durables.
Le livre est le fruit d’un travail collectif, mobilisant des experts d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe. Chaque chapitre explore un pilier stratégique : relocalisation de la production pharmaceutique, création de laboratoires de contrôle de qualité, intégration de l’approche «One Health», digitalisation éthique, renforcement des compétences locales, financement endogène de la recherche, coopération Sud-Sud… Autant de leviers pour bâtir une souveraineté réelle, pensée dans toutes ses dimensions : scientifique, culturelle, politique et sociale.
Mais ce qui rend cet ouvrage si puissant, c’est aussi sa voix. Une écriture claire, rigoureuse, accessible. Un ton engagé, sans dogmatisme. Une adresse directe, tant aux gouvernants qu’aux praticiens, aux citoyens qu’aux jeunes générations. Il valorise les avancées concrètes engagées sur le terrain, sans occulter les blocages, les échecs, les héritages coloniaux qui freinent encore l’élan africain.
En publiant ce manifeste, les éditions Orion s’inscrivent comme un acteur engagé du débat intellectuel africain. Leur accompagnement éditorial, exigeant et créatif, a permis de transformer une vision militante en un ouvrage de référence. Une contribution décisive à la bataille des idées et des récits que mène aujourd’hui l’Afrique pour se réapproprier son destin sanitaire.
L’accueil enthousiaste du public à Durban témoigne d’un basculement. Le livre a circulé de main en main, nourri les débats, provoqué des rencontres, inspiré des stratégies. Dans les couloirs, les cafés, les cercles informels, une énergie neuve s’est diffusée. Celle d’un continent qui ne se contente plus de réagir, mais qui entend anticiper, décider, créer…
Ce lancement n’est pas une fin, mais le début d’un nouveau chapitre. Une série de présentations est déjà prévue à Abidjan, Addis-Abeba, Tunis, avec une restitution finale programmée à Genève, en marge de l’Assemblée mondiale de la santé. L’objectif est clair : faire vivre ce livre, le traduire, le discuter, l’adapter, dans les villages comme dans les parlements, dans les universités comme dans les négociations internationales.
Avec «Health Sovereignty in Africa : The Advocacy», AGH affirme une ambition de long terme. L’organisation, déjà reconnue pour ses projets de terrain, ses forums stratégiques et ses réseaux d’influence, élargit son champ d’action à la production intellectuelle de référence. Elle fédère, sans uniformiser. Elle inspire, sans imposer. Elle bâtit, avec, par et pour l’Afrique.
Durban restera dans l’histoire non comme une simple étape, mais comme un tournant. Celui où l’Afrique, unie, solidaire et souveraine, a affirmé : notre santé, c’est notre pouvoir. Et, désormais, ce pouvoir, nous le reprenons en main.
