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Naïssam Jalal : «Avec ses rituels thérapeutiques, la musique Gnaoua a influencé mon projet musical»

La 27ème édition du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde se poursuit avec des spectacles plus captivants les uns que les autres. Hier, le public s’est délecté du concert donné au Jardin Jnan Sbil par la célèbre artiste franco-syrienne Naïssam Jalal. Née en 1982 à Paris, c’est une talentueuse flûtiste et compositrice à la sensibilité débordante. Elle a commencé à étudier la flûte traversière dès son enfance et a exploré une variété de traditions musicales, allant de la musique classique occidentale au jazz et aux musiques du Moyen-Orient. En 2006, elle a formé son propre groupe, Naïssam Jalal & Rhythms of Resistance, et a créé un style unique mêlant jazz contemporain et influences orientales. Son travail est salué par la critique. Elle a reçu plusieurs distinctions, notamment le Prix de la Création Musicale de la SACEM (France) en 2011. Sa musique reflète son engagement en faveur du dialogue interculturel et de la paix, explorant les thèmes de l’identité et de l’espoir à travers une approche innovante et profonde. Nous l’avons rencontrée à l’issue de sa merveilleuse prestation au Jardin Jnan Sbil.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration musicale et comment influencent-elles votre travail ?

J’ai puisé mon inspiration dans diverses sources musicales. D’abord, la musique classique occidentale, que j’ai étudiée dès mon plus jeune âge, a façonné ma sensibilité musicale. Ensuite, mes études en musique classique arabe en Syrie et au Caire ont enrichi mon bagage artistique. Mes voyages au Maghreb, notamment au Maroc, m’ont permis de découvrir des musiques fascinantes, notamment lors de mes visites à Essaouira, où j’ai eu la chance d’assister à plusieurs Lilas de Mahmoud Guinia, dont le style Gnaoua m’a particulièrement inspirée. La musique Gnaoua, avec ses rythmes de guérison et ses rituels thérapeutiques, a profondément influencé mon projet musical. Les musiques de transe d’Afrique de l’Ouest, comme celles du Sénégal, du Mali et du Burkina Faso, ont également nourri ma créativité. Quant à la musique classique hindoustanie, du Nord de l’Inde, fruit d’un métissage entre l’hindouisme et l’Islam, elle m’a captivée par sa richesse et son héritage culturel. Elle incarne une fusion harmonieuse de traditions musicales distinctes, offrant ainsi une palette sonore diversifiée et inspirante pour mon projet.

Comment parvenez-vous à fusionner des éléments différents comme le classique, le jazz et la musique traditionnelle arabe dans vos compositions ?

En réalité, je n’ai pas pour dessein de fusionner activement des éléments. Je préfère plutôt apprendre, m’inspirer, puis laisser les idées se manifester naturellement et ensuite laisser libre cours à mon expression. Mon processus créatif est davantage axé sur l’apprentissage et l’absorption. Je m’immerge dans diverses sources d’inspiration, que ce soit la musique, l’art, la littérature ou d’autres formes d’expression. Je me nourris de ces différentes expériences, explorant leurs nuances et leurs subtilités. C’est une sorte de processus organique où je m’enrichis continuellement, puisant dans un réservoir d’influences variées. Cette immersion nourrit mon imaginaire et façonne ma perception du monde. Par conséquent, lorsque je crée, les éléments que j’ai absorbés se manifestent naturellement, sans que je doive nécessairement les fusionner consciemment. C’est comme si toutes ces influences se mêlaient en moi, formant une palette riche et diversifiée d’idées et d’émotions.

Quels messages particuliers œuvrez-vous à transmettre à travers votre musique ?

Je souhaite que les auditeurs ressentent du bien-être en écoutant ma musique. Après avoir consacré de nombreuses années à créer des morceaux très engagés. Mon implication intense dans la révolution syrienne, qui dure depuis maintenant treize ans sans véritable changement, m’a profondément affectée. Cette impuissance face à l’injustice m’a poussé à changer d’approche. Plutôt que de tenter de changer le monde ou de libérer des pays comme la Syrie ou la Palestine, je me suis rendue compte que la meilleure façon d’aider les autres était de leur apporter du bien-être à travers ma musique.

Entretien réalisé par LAIDIA FAHIM

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