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EDITO

Souffler le chaud et le froid

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

direction@letempsmag.ma

Doit-on s’alarmer une énième fois ? Le Maroc serait dans une 5ème vague virale, selon le ministère de la Santé et de la Protection sociale. On en a vu d’autres, serait-on tenté de dire… De toute façon, ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ! Un adage plein de profondeur. Sauf qu’en l’occurrence, toute désinvolture face au coronavirus serait suicidaire. Le «Covid-19» tue, en effet, depuis près de trois ans. Et il continue de tuer. C’est un fait. L’ignorer ou en minimiser le péril tient au mieux de l’ignorance, et au pire de l’irresponsabilité. Les deux sont condamnables en ce contexte de crise sanitaire.

Les chiffres sont là. Ils sont têtus. 119 nouveaux cas d’infection au «Covid-19» enregistrés au soir du 10 novembre courant, pour 1.266.350 contaminations comptabilisées depuis le premier cas signalé au Maroc le 2 mars 2020. Un total de 16.283 victimes au compteur létal, à la date d’hier. L’un dans l’autre, alarmisme et sérénité se neutralisent dans les esprits. Les gens ne comprennent pas toujours, ou alors très difficilement, que la vie «normale» reprenne ses droits depuis quelques mois, mais que cette «normalité» reste hypothéquée au fil des semaines… Le discours même des pouvoirs publics nourrit l’opacité. À quelques jours d’intervalle, le coordonnateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique du ministère de la Santé et de la Protection sociale, le Dr Mouad Mrabet, et le Ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, soufflent le chaud et le froid. Le premier déclare dans le bilan mensuel de la situation épidémiologique que les indicateurs actuels «signifient que nous sommes entrés, très probablement, dans une 5ème vague de circulation communautaire du virus». Le second assure, dans un point de presse à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement, que «la situation épidémiologique est rassurante et ne prête pas à l’inquiétude». Mieux encore, le haut responsable déclare, avec sa solennité coutumière, que «le gouvernement a étudié la question, suit la situation et prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé des individus et l’économie nationale».

Cerise sur le gâteau : le Conseil de gouvernement a examiné, lors de sa réunion du 27 octobre dernier, la possibilité de lever l’état d’urgence sanitaire d’ici à la fin de ce mois de novembre. À la bonne heure, alors ! Le 14 octobre dernier, nous étions les premiers à poser ouvertement la question en titrant notre Édito : «L’état d’urgence a-t-il encore un sens ?». Il semble donc que la question méritait non seulement d’être posée, mais débattue en profondeur au niveau de l’Exécutif. Cela ne signifie évidemment pas que l’état d’urgence sanitaire sera levé à la fin du mois ou à la fin toute proche de l’année, mais que c’est désormais dans l’air et que 36 millions de Marocains en attendent l’annonce sur des charbons ardents. Dans l’intervalle, ledit Exécutif serait mieux inspiré en harmonisant sa communication car un minimum de cohérence s’impose dans les messages, les analyses et les arguments qu’on livre à la consommation de l’opinion publique.

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