L’ONU, ce «machin»…

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Dégoûté par l’immobilisme de l’Organisation des Nations-Unies, le Général Charles De Gaulle avait lancé, le 10 septembre 1960, une phrase devenue rapidement célèbre : «L’ONU, ce machin !». L’ancien Président français ne croyait pas si bien dire… Mais autres temps, autres contextes. Et le «machin» est toujours là. Immobile, impassible, inutile pour certains, injuste pour d’autres, prodigieusement amoral quand ça l’arrange, étrangement aveugle lorsqu’il ne veut pas voir, étonnamment sourd quand il ne veut pas entendre, incroyablement muet du moment que ça le sert.
Ce «machin», ce n’est pas la communauté mondiale des 193 États qui le composent, ni d’ailleurs les 15 membres de son Conseil de Sécurité, mais juste les 5 grandes puissances qui en sont membres permanents avec droit de véto. Donc, droit «quasi-divin» envers et contre les 188 autres pays. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France pour l’Occident autoproclamé «monde libre» et la Russie et la Chine pour ce qu’on appelle depuis peu le Sud global, par référence à son modèle de société, opposé au capitalisme sauvage de l’Occident et à ses turpitudes idéologiques. Dans son sillage, de très nombreux pays, sur tous les continents, digèrent de moins en moins l’hégémonie mondiale de l’Occident.
Tel qu’il fonctionne aujourd’hui, le système des Nations-Unies est profondément totalitaire aux yeux d’au moins 7 milliards d’êtres humains. La réalité nous en est rappelée, une nouvelle fois, avec ce qui se passe à Gaza. Israël combat le Hamas ? Sans doute aucun. Du moins, c’est ce que prétend Benyamin Netanyahu. En réalité, l’État hébreu est en guerre contre les Palestiniens et souhaite les éradiquer purement et simplement. Les trois membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU lui accordent ouvertement leur bénédiction. La France avec gêne, la Grande-Bretagne avec ostentation et les États-Unis avec ferveur. Faire voter une Résolution pour un cessez-le-feu dans la bande dévastée de Gaza ? Washington s’y oppose (seule) par deux fois avant de faire mine de voir… Le temps que Tsahal liquide encore quelques milliers d’habitants à Gaza, «terroristes évidemment» puisqu’ils sont Palestiniens !
Plus de 20.000 morts arabes et musulmans au compteur de Netanyahu. Pour la plupart, des enfants, des femmes, des vieillards et souvent des blessés déjà estropiés par la guerre qui leur est imposée depuis plus de deux mois. Israël fait évacuer près de deux millions de Palestiniens vers le Sud de la bande de Gaza en leur ordonnant d’aller s’abriter dans des zones de «sécurité» préétablies. Ce faisant, elle nettoie méthodiquement les territoires conquis puis continue de massacrer les civils dans les enclaves de sécurité qu’elle a préétablies elle-même. Aux Nations-Unies, où même des Occidentaux cachent de moins en moins leur embarras, seuls les États-Unis estiment que ce n’est peut-être pas encore assez. Israël doit «terminer le travail». Éradiquer non pas le Hamas, mais toute l’identité palestinienne et la mémoire de l’Islam en cette terre prétendument sainte…