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ÉLECTIONS

Comment le digital a-t-il influencé le résultat des scrutins ?

On le savait déjà, mais les plus sceptiques en sont désormais convaincus : les plateformes digitales jouent un rôle déterminant dans la formation des opinions au sein des communautés. La récente campagne électorale en a administré la preuve, comme le montre le rapport que vient de publier l’Observatoire des Opinions Publiques Numériques. Édifiant !

Lancée du 26 août au 7 septembre derniers à minuit, la campagne électorale a eu lieu dans un contexte particulier, marqué par les contraintes imposées par les restrictions et les mesures de sécurité sanitaires, notamment la distanciation physique, ce qui a laissé une place de choix à une campagne électorale en mode digital. La question est de savoir si le numérique (médias digitaux, réseaux sociaux, sites web, blogs…) a exercé (ou non) une influence sur les résultats de l’élection… L’Observatoire des Opinions Publiques Numériques s’est intéressé aux empreintes numériques des deux partis politiques qui auront réalisé les plus fortes progressions dans les résultats des élections du 8 septembre 2021 par rapport à celles de 2016, en l’occurrence le RNI (Rassemblement National des Indépendants) et le PI (Parti de l’Istiqlal).

>> 1er constat : la campagne électorale officielle a bien eu lieu sur l’internet

En deux semaines de campagne, les principaux partis politiques du pays ont accru leur présence sur la Toile comme support de communication politique. Plus de 786 millions de contacts ont été enregistrés pendant cette période, ce qui revient à dire que chaque Marocain ayant accès à l’internet s’est arrêté sur plus de 31 publications concernant un parti politique. Le nombre de personnes touchées correspond au total des personnes qui se sont arrêtées et/ou qui on interagi sur une publication.

>> 2ème constat : le RNI et le Parti de l’Istiqlal cumulent 55% de part de présence numérique

Le RNI et le PI sont respectivement en première et deuxième place en termes de présence numérique, cumulant 55% de part de présence globale sur la Toile, devançant ainsi le PJD. On peut légitimement se poser la question du manque de dynamisme des fameuses «armées numériques du PJD» dont il avait été beaucoup question naguère ! Même si la prise de parole d’Abdelilah Benkirane, le 5 septembre, aura touché presque 5 millions de personnes en 24 heures…

>> 3ème constat : les médias numériques ont été plus actifs que les réseaux sociaux

Ils ont publié plus de 300 articles par jour pendant la campagne officielle et ont engrangé presque 430 millions de contacts. Il faut cependant remarquer que sur leur page «Facebook» officielle, le RNI et le Parti de l’Istiqlal ont publié 630 «posts» en deux semaines (400 pour le Parti de l’Istiqlal et 230 pour le RNI), augmentant ainsi fortement l’exposition de leurs programmes électoraux.

>> 4ème constat : le PI domine les autres partis sur deux indicateurs-clés

Le Parti de l’Istiqlal a la communauté partisane et de sympathisants la plus dynamique en termes de viralité. Il a réussi à plus que doubler sa moyenne d’interactions pour 1.000 fans, passant de 323 sur les 6 premiers mois de 2021 à 898 pendant la campagne électorale du 26 août au 7 septembre derniers à minuit. Cela démontre la capacité de ce parti à mobiliser, sur le front numérique, ses partisans et sympathisants et à en faire un puissant levier électoral sur les réseaux sociaux. Cette performance explique certainement aussi, la deuxième place du Parti de l’Istiqlal dans l’empreinte numérique globale, malgré la différence des moyens financiers mis en jeu entre les deux partis sur cette période.

En définitive, le digital aura effectivement porté la campagne électorale, permettant aux partis de diffuser leurs programmes et propositions en dehors des grands rassemblements auxquels on était habitué lors des précédentes élections.

Globalement, la première conclusion que l’on peut tirer de cette étude de l’Observatoire des Opinions Publiques Numériques est que les médias sociaux au Maroc contribuent à améliorer la participation des citoyens à la vie civique et politique. Le taux de participation en serait la preuve, alors que beaucoup d’observateurs avaient prédit un «malaise démocratique» due au développement du cynisme politique qui se traduirait par un taux de participation aux élections de plus en plus faible.

Cette campagne aura par ailleurs reproduit sur l’internet les modes de communication traditionnels en privilégiant la diffusion de l’information partisane. Il n’y a pas eu création d’un nouvel espace public de participation et d’interaction entre les élites politiques et les citoyens, pourtant intrinsèque aux médias sociaux comme plateformes de communication. Les partis politiques sont censés envisager rapidement cette dimension et activer le potentiel interactif des plateformes numériques comme «Twitter» et «Facebook», s’ils espèrent renforcer l’engagement politique des citoyens à l’avenir.

Basé à Casablanca, l’Observatoire des Opinions Publiques Numériques est un organisme indépendant ayant pour mission de comprendre comment l’explosion de l’expression publique sur le web modifie la façon dont sont formées les opinions. La vocation de l’Observatoire est de sensibiliser à l’importance de cette forme de communication publique pour améliorer sensiblement l’information des citoyens et dynamiser le dialogue entre les populations et les acteurs publics. L’Observatoire s’appuie sur l’expertise et les outils technologiques d’Online Value (Casablanca), société de marketing technologique spécialisée en «Public Affairs».

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