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9.000

PAR HASSAN EL ARCH

Une fois encore, il a fallu un recadrage Royal pour que des choses censées aller de soi se mettent enfin en place, bougent à vue d’œil et commencent à aller dans le bon sens. Ni les chefs d’entreprises affiliés à la Confédération Marocaine des TPE-PME, ni ceux qui n’en sont pas membres, ni les promoteurs de start-ups, ni les jeunes porteurs de projets ne diront le contraire…

Le recadrage en question est assez exceptionnel. Historique, en réalité. Nous y faisions déjà allusion, il y a un peu plus d’un mois, sur ces mêmes colonnes, dans le sillage du discours prononcé par le Souverain, dans lequel il a appelé les établissements financiers à s’impliquer davantage auprès du tissu entrepreneurial. Un appel qui ne prend que plus de profondeur dès qu’on le met en perspective avec ce que la conjoncture nous invite à apprécier : entre 2019 et 2020, le climat des affaires donne beaucoup de soucis et, l’année prochaine, près de 9.000 entreprises pourraient mettre la clé sous la porte ! Ce sont les experts qui le disent, et il faut les en croire car ils travaillent plus près que personne des circuits de la finance, de la mécanique bancaire, de l’assurance à l’export, des outils de garantie et du capital-risque.

La mortalité des entreprises est un conte récurrent au Maroc ! Ceux qui ont connu l’euphorie induite par la vague du Crédit Jeunes Promoteurs, dans les années 80 et 90, en savent quelque chose. Paradoxalement, alors que le marché est plus liquide aujourd’hui qu’il ne l’était il y a deux décennies, que l’ingénierie de l’entrepreneuriat est plus aboutie, que le rôle des TMPE est plus central, la création de valeur est devenue souvent otage de la bureaucratie. De l’incompétence, aussi. Et, pendant qu’on y est, du clientélisme et de la corruption. Cela se vérifie, tous les jours que Dieu fait.

L’appui jeunes entrepreneurs, demandé par le Souverain, permettra de «Renforcer la crédibilité du secteur bancaire et corriger la perception négative qu’il suscite auprès de certaines catégories de la population, qui le considèrent comme un organisme ne recherchant qu’un profit immédiat et sans risque», a fait remarquer S.M. le Roi Mohammed VI dans son dernier discours, avec une pointe qui a fait mouche : «Cette représentation est justifiée par des faits tels que le difficile accès des jeunes entrepreneurs au crédit, le faible accompagnement des diplômés et des petites et moyennes entreprises lors de leur création». Inutile de rappeler qu’après l’appel Royal, Bank Al-Maghrib et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc ont entamé une réflexion sur la feuille de route qui est censée donner le cap, dès début 2020, au dispositif de financement de l’économie.

Tout ce beau monde est averti : les banques paresseuses, les fonctionnaires incompétents, les administrations tatillonnes, les vrais profiteurs et les faux conseilleurs… Un chiffre, un seul, donne l’ampleur du malaise : 94% du tissu économique du pays sont des TPME et des PME. La plupart d’entre elles comptent parmi la cohorte des 9.000 entreprises menacées de banqueroute en 2020. C’est pour elles que le Maroc a décidé en cette 2019 finissante d’apporter une réponse ad hoc. La bonne, espérons-nous !

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