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CHRONIQUE

Tahar Benjelloun : ne lui en voulez pas, il ne sait pas ce qu’il dit !

Par ABDELHAK NAJIB

Écrivain et journaliste

Il est clair que quand on n’a pas grand-chose à dire, il faut au moins avoir l’intelligence de revendiquer son droit au silence. Ce que Tahar Benjelloun n’a pas su faire, se confondant en lieux communs, commettant un écrit pour le moins sans teneur, publié sur un magazine français où l’auteur recycle les mêmes propos que l’on entend à longueur de journée sur les chaînes d’information continue en France.

Voici la première phrase de sa tribune sur les colonnes du magazine «Le Point» (13 octobre 2023) : «Moi, arabe et musulman de naissance, de culture et d’éducation traditionnelle marocaine, ne trouve pas les mots pour dire combien je suis horrifié par ce que les militants du Hamas ont fait aux juifs». Nous sommes face à un texte somme toute insipide qui a valu à Tahar Benjelloun une salve corsée de critiques acerbes de la part d’un grand nombre d’observateurs au Maroc et ailleurs, qui jugent le point de vue de l’écrivain marocain résidant en France «irresponsable», «complice» et «indigne» face au génocide qui se joue devant les yeux du monde dans les territoires palestiniens occupés par l’État d’Israël. L’auteur continue sur sa lancée : «La cause palestinienne est morte le 7 octobre 2023, assassinée par des éléments fanatisés, englués dans une idéologie islamiste de la pire espèce. Le Hamas est l’ennemi pas seulement du peuple israélien, mais aussi du peuple palestinien. Un ennemi cruel et sans aucun sens politique, manipulé par un pays où l’on pend de jeunes opposants pour une histoire de voile sur la tête».

C’est dans ce sens qu’il ne faut pas en vouloir à Tahar Benjelloun, pour la simple raison qu’il ne peut pas dire autre chose que ce que la France dicte aux intervenants d’affirmer face à la caméra. Et si tu veux jouer les justiciers, tu es banni des plateaux TV, des radios et des colonnes des médias français ! Tu peux aussi être poursuivi et écoper de cinq années d’incarcération pour apologie du terrorisme, juste parce que tu as dit la vérité, en l’occurrence que l’armée israélienne est en train d’exterminer tout un peuple, en toute impunité.

Tahar Benjelloun ne peut pas dire une chose pareille parce qu’il risque gros. D’abord ses privilèges, son petit confort parisien, ses émoluments pour les livres qu’il publie, ses piges dans les journaux et ses relations françaises qui ne peuvent tolérer que l’auteur marocain bascule du côté de la vérité et de la justice en condamnant le crime contre l’humanité que l’État d’Israël perpètre en Palestine.

«Moi, dans ma solitude, dans ma tristesse et ma honte en tant qu’être humain, mon dégoût de cette humanité à laquelle je refuse d’appartenir, je dis, non, c’est un combat qui n’honore pas leur cause. Non, à ces applaudissements dans certaines capitales arabes. Non, à ce triomphe plein de sang des innocents. Non, à l’aveuglement de ceux qui tirent les ficelles d’une tragédie où, tôt ou tard, ce sera la population palestinienne qui paiera cette lourde facture». L’auteur semble oublier que le peuple palestinien paie la lourde facture depuis 75 ans ! Mais bon, là, non plus, il ne faut pas lui en vouloir car, avec le temps qui passe, la mémoire finit toujours par s’épuiser…

Alors, vous croyez vraiment que Tahar Benjelloun peut monter au créneau et dénoncer les tueries à Gaza et en Cisjordanie ? Franchement, depuis quand cet auteur prend une position quelconque sur quoi que ce soit ? À plus forte raison, aujourd’hui, où il faut faire profil bas, se cacher, se taire, se terrer, se faire oublier pour ne pas s’attirer l’ire des autorités françaises qui s’affirment aujourd’hui, en toute clarté, comme une véritable dictature en marche, scalpant tous ceux qui osent la contredire et penser différemment de l’administration Emmanuel Macron.

C’est pour cela qu’il ne faut pas en vouloir au pauvre Tahar Benjelloun, parce qu’il n’a pas pris la pleine mesure de ses propos, pensant que ça allait passer inaperçu, comme d’habitude. Sauf que là, les yeux sont rivés sur ce que les «intellos» et autres «analystes» et «chroniqueurs» disent. On scrute tout. On passe au crible chaque phrase et on demande des comptes à tous ceux qui jouent encore les illusionnistes. Tahar Benjelloun aurait mieux fait de prétexter un pépin de santé et ne pas commettre son texte. Mais bon, une pige est une pige ! Surtout quand il y a un chèque à la clé… Ce qui aggrave les choses pour l’écrivain, déjà essoufflé depuis de longues années parce qu’il recycle les mêmes poncifs et ressasse les mêmes platitudes dans des romans où le folklore le dispute à une volonté assumée de plaire aux touristes, dans une littérature de gare à la fois insipide et éculée. Mais là non plus, il ne faut pas lui en vouloir, c’est tout ce qu’il sait faire depuis plus de quatre décennies.

Aujourd’hui, Tahar Benjelloun est «Horrifié par les attaques du Hamas contre Israël». L’écrivain franco-marocain déplore «une blessure faite à toute l’humanité»», comme on peut le lire sur les colonnes du magazine «Le Point». Tout ce qu’on lui souhaite est d’aller mieux après le choc reçu par les attaques palestiniennes contre l’État hébreu. Car, on sait combien cela peut être dur de souffrir pour les mauvaises causes et de détourner le regard pour ne pas voir les vérités qui tuent…

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