Tout ce qui monte a tendance à redescendre !

PAR HASSAN EL ARCH
La Justice a donc tranché. Et a confirmé ce que nous avons toujours défendu : il ne peut y avoir des «Marocains low-cost» d’un côté, et de l’autre des «Marocains premium». On peut aussi user d’euphémisme pour répéter qu’il ne saurait y avoir de Marocains «plus égaux» que d’autres. L’idée même est abjecte. Révoltante. Insoutenable. Et cette idée sous-tend clairement le verdict rendu, le 27 janvier, par la Cour d’Appel de Marrakech à l’encontre de Dounia Batma. La sulfureuse artiste chanteuse a été condamnée à un an de prison ferme et une amende de 10.000 DH dans le procès de l’affaire «Hamza mon BB». Mais pas seulement. La peine a été «bonifiée» de 4 mois, passant de 8 mois prononcés en première instance à 12 mois en appel.
Trois autres protagonistes de ce dossier, qui a écœuré les Marocains durant près de deux ans et fait jaser la blogosphère au-delà de nos frontières, ont vu leurs sentences confirmées. Les quatre femmes, dont la propre sœur de Dounia Batma, sont poursuivies, selon l’acte d’accusation, pour «participation à l’accès frauduleux au système informatique de données», «participation délibérée à entraver le fonctionnement de ce système», «diffusion d’images et de déclarations d’autrui sans consentement», «diffusion de faits infondés dans le but de nuire à la vie privée d’individus et diffamation», ainsi que pour «participation et chantage». Excusez du peu !
Donc, disons-nous, la Justice a tranché. Le verdict est honnêtement… honnête. Depuis le 27 janvier, l’idée prégnante dans la rue est que les magistrats qui ont instruit le dossier ont été passablement cléments envers les mises en cause. On ne cautionne pas cette idée. Ce n’est pas notre rôle. Mais notre conviction est qu’une affaire de ce gabarit est d’une extrême gravité ! Pirater des messageries de tiers, jeter l’opprobre sur des concitoyens, violer leur privée, donner en pâture leurs secrets à l’opinion publique, les faire chanter (on reste dans l’air du temps !) et, par-dessus le marché, se prévaloir d’une impunité de fait… Voilà qui va chercher loin, très loin dans les annales de la jurisprudence.
Covid ou pas, état d’urgence ou non, la Justice ne ferme pas, ne peut pas fermer ne serait-ce qu’un œil. Ceux qui avaient fini par céder au doute là-dessus, à l’été dernier, sont maintenant fixés. Les clichés ont vécu ! Une Dounia Batma flamboyante, en plein procès, dans ses ors et diamants exhibés aux caméras, défiant les médias qui osent l’interpeller, insultant les détracteurs sur les réseaux sociaux, se faisant conduire ostentatoirement dans sa voiture avec chauffeur jusque dans la cour du Tribunal, déclarant à la face de la planète qu’elle «ne fera jamais de la taule», eh bien, avec du recul, tout cela prend une intéressante perspective. Et alors que les vapeurs du procès «Hamza mon BB» se dissipent peu à peu, la morale de l’histoire nous renvoie à ce principe de la physique, connu depuis la nuit des temps : tout ce qui monte a tendance à redescendre !