Vertes retrouvailles

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
Alors que nous bouclions cette édition print de notre magazine, un énorme happening se prépare : le Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), revenu à Meknès après une absence de quatre ans à cause de la crise sanitaire. Un retour qui tient de l’événement. Non pas tant pour ce qu’il est, c’est-à-dire un rendez-vous institutionnel de l’agriculture, mais pour ce qu’il symbolise cette année compte tenu de la conjoncture. On l’aura compris, celle-ci est tendue avec la gestion de plus en plus sensible de l’eau, la sécheresse qui s’installe et le stress hydrique qui va avec…
Reprogrammer le méga-Salon qui servait de vitrine à l’économie agricole serait un anachronisme pour les uns, mais pour les autres c’est au contraire une aubaine, voire une nécessité. Comme le suggère le credo des hommes d’affaires, c’est en temps de crise qu’il faut investir. En l’occurrence, c’est quand l’eau se raréfie, que le produit agricole devient plus cher et que le prix du cheptel s’envole qu’il faut communiquer. Expliquer. Vulgariser. Promouvoir les bonnes pratiques. Rappeler les gestes essentiels pour préserver la terre nourricière. Braquer les projecteurs sur les coopératives qui se battent pour survivre. Valoriser les modèles d’exploitations qui ont le potentiel. Créer le buzz autour des terroirs. Mieux connecter le monde rural aux circuits de distribution. Rapprocher davantage le système bancaire et l’entrepreneur agricole. Faciliter l’usage des outils digitaux pour les fellahs. Insister sur l’importance de la formation. Encourager les partenariats locaux et transnationaux… Nous consacrons au sujet le dossier central de ce numéro.
C’est tout cela, la vocation d’un Salon qui se respecte. Et le SIAM remplit, à n’en point douter, ce contrat. Depuis une quinzaine d’années que le Salon existe, des institutions importantes du pays y croient et y investissent en tant que partenaires et sponsors, tous secteurs confondus : le groupe OCP dans l’industrie, le Crédit Agricole et la BCP dans la banque, la MAMDA dans l’assurance, la CDG dans les services, l’ANCFCC dans le patrimoine terrien, la CNSS dans la prévoyance sociale, la SOREC dans la culture équine, etc.
Jusqu’à 2019, année de référence pré-«Covid», le SIAM était dans le Top 5 mondial des Salons de l’agriculture. Il s’agit de l’y maintenir alors que se confirme la relance économique, en dépit de l’inflation et des contraintes du moment présent. Celles-ci, il est vrai, étaient conjoncturelles mais sont devenues structurelles en aggravant la complexité des défis. Le Maroc a pourtant un modèle agricole efficient. Ses fondamentaux sont résilients. le PIB vert s’est amélioré de 60% par rapport à l’année de démarrage du SIAM. Il a atteint 125 milliards de DH au titre de l’année de référence pré-«Covid». Ce n’est pas rien. Le Plan Maroc Vert, entretemps mis à jour et redéployé sous le label «Génération Green 2020-2030», a montré que l’agriculture reste un formidable creuset de développement économique et social. C’est cela le message le plus important du SIAM 2023 !