Le think tank de l’OCP planche sur les priorités des grandes puissances en Afrique

Un débat autour des intérêts et priorités des grandes puissances en Afrique était au menu du premier panel de la 10ème édition des «Dialogues Stratégiques», organisée mardi dernier sous forme de webinaire par le think tank du groupe OCP, le Policy Center for the New South (PCNS) à Rabat avec la collaboration du Centre HEC de Géopolitique de Paris. Quatre experts en relations internationales ont exposé leurs points de vue sur ce sujet crucial pendant près de deux heures. Parmi ces intervenants, le Directeur du Centre HEC de Géopolitique, Pascal Chaigneau, qui a salué la position économique du Maroc en Afrique, estimant que «s’il y a un pays qui ne manque pas de comprendre que sa stratégie est africaine, ce sera le Maroc». Cet avocat de profession a aussi expliqué les contours de la politique de la Chine en Afrique, évoquant notamment sa stratégie des Routes de la Soie, laquelle «montre à bien des égards son recours au Soft Power de plus en plus actif en Afrique».
S’agissant des rapports entre le Moyen-Orient et l’Afrique (deuxième thème du panel), Khalid Chegraoui, Senior Fellow au PCNS, a fait le tour des perspectives de ces relations et de leurs retombées sur toute la région. Rappelant l’importance économique de l’Afrique, l’expert qui est également Vice-Doyen Sciences Po et Relations Internationales à l’Université Mohammed VI Polytechnique, a souligné que l’Afrique est indubitablement liée au Moyen-Orient.
Pour sa part, le chercheur au Centre HEC de Géopolitique de Paris, Eugène Berg, s’est attardé sur «le retour de la Russie sur le champ africain», évoquant à cet effet ce qu’il a qualifié d’étapes et de leviers de la Russie en Afrique. Pour cet ancien Ambassadeur de France en Namibie et au Botswana, le retour de la Russie sur ce continent s’est fait par étapes et a commencé à l’époque de l’ancien président Boris Yeltsine. Mais le vrai «come-back» de cette puissance a débuté véritablement en 2006 avec le Président actuel Vladimir Poutine lorsqu’il s’est déplacé au Maroc, a-t-il fait observer. Au sujet des leviers russes en Afrique, l’ancien diplomate français a notamment cité «la coopération pragmatique» en termes de gouvernance, l’attachement aux valeurs traditionnelles ainsi que le soutien informationnel.
La dernière intervention de ce premier panel était celle de l’expert en Inde du Centre HEC de Géopolitique de Paris, Rodolphe Monnet, qui s’est intéressé à «la politique africaine de Narendra Modi», premier ministre indien. D’après lui, le dirigeant indien, dès 2014, a multiplié les efforts sur la scène internationale en particulier en termes de rapprochement avec les pays du Moyen-Orient, mais aussi du lancement d’un nouveau chapitre avec l’Afrique. Il s’agit d’«un Premier ministre pro-africain qui a bâti une vraie politique vis-à-vis de l’Afrique» pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement indiennes (gaz, hydrocarbures et pétrole) et permettre ainsi à l’économie indienne de tourner à plein régime», a-t-il argumenté.
A. A.