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Légiférer plus fort contre les voyous du Web

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

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Il se passe tant de choses au Maroc, en cette rentrée effervescente, que l’on a du mal un peu à ne pas en oublier les plus marquantes. Par exemple : la tentative de «forçage» de la frontière du Maroc avec Sebta, le 15 septembre courant, par des nuées de jeunes candidats à la migration irrégulière. Une incursion hyper-massive, puisqu’elle a abouti à l’arrestation de 4.455 personnes, dont 3.597 Marocains et 519 étrangers, parmi lesquels 164 Algériens. De surcroît, plus de 70 individus incitant ces jeunes à l’assaut, dont des Algériens, des Subsahariens et des Marocains bien évidemment, ont également été appréhendés par les forces de l’ordre, côté marocain.

Notre confrère Challenge vient d’ailleurs de publier, à ce sujet, une intéressante Tribune de Lahcen Haddad, consultant en géopolitique et ancien Ministre du Tourisme. L’auteur estime dans son excellente analyse que, face à la montée des tentatives de migration clandestine en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, la jeunesse se retrouve au cœur d’une grosse crise sociale et économique. Souvent déscolarisés, en manque de perspectives surtout, les jeunes sont poussés à risquer leur vie pour un avenir incertain en Europe. Lahcen Haddad revient avec pertinence, dans sa Tribune (pages 8 et 9), sur les causes profondes du phénomène et propose des pistes de réflexion pour enrayer l’abandon scolaire et offrir des solutions viables aux jeunes.

Le constat du drame renvoie aux facteurs sous-jacents qu’il faut être aveugle pour ne pas les voir : le désœuvrement, le désespoir, le vide d’une existence pourtant à peine commencée, le rêve d’un Eldorado européen, les sirènes de France, d’Angleterre, d’Italie, de Hollande, d’Allemagne et d’ailleurs, le désir de gommer un passé qui oblitère l’avenir sous une chape de plomb… L’appel lancé sur les réseaux sociaux pour prendre d’assaut la ville de Sebta, le 15 septembre, était un mot d’ordre digne d’une stratégie de guérilla. Ses auteurs ne sont pas de simples voyous du Web. Ce sont des criminels qui agissent par auteurs interposés, ce qui est le comble de la couardise absolue ! Les forces de sécurité ont arrêté plus de 70 protagonistes d’entre eux, mais ils étaient assurément beaucoup plus nombreux. Ce qui, une fois encore, démontre la l’absurdité et la mentalité sordide de ces «prescripteurs». Quand on allume un incendie, la dernière chose à faire est d’aller plastronner sur la scène du crime ! À moins d’être «complètement à l’Ouest», comme on dit couramment, ou développer des penchants pathologiquement narcissiques.

Quoi qu’il en soit, cet assaut fera date. Il rappelle, incidemment, que le fait de légiférer sur le cybercrime au Maroc reste un vœu pieux tant qu’on ne donne pas l’exemple en neutralisant de manière exemplaire ces voyous du Web. Rappelons-nous la campagne de boycott lancée en 2018 sur les réseaux sociaux. L’économie nationale en avait été certes perturbée, mais c’était surtout le climat social qui en avait été littéralement empoisonné. Alors du nerf, Messieurs les législateurs !

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